Ils étaient sur les lieux, le 13 novembre, lors des attentats qui ont frappé Paris. A leur manière, ils ont fait leur devoir et peut-être un peu plus encore. Qu'ils aient été motivés par des idées morales ou sujets à des réflexes instinctifs, ils ont pris soin d'autrui, de ceux qui en avaient besoin.
- Touria et Nourredine travaillaient dans le magasin de bonbons mitoyen du café A la bonne bière qui a été attaqué au soir du 13 novembre 2015. Ils décrivent le bruit des balles de kalachnikov, pareil à une bombe. Aussitôt, de nombreuses personnes rentrent en courant dans leur magasin, les bonbons volent de partout. Nourredine les fait sortir par l’arrière de la boutique, certains se cachent dans la cour de l'immeuble ou dans les escaliers alors que la femme de Nourredine les mène dans leur appartement, en attendant l'arrivée des secours.
_Les gens se sont cachés où ils ont pu. On a monté une bonne partie des gens à l'appartement. Quand les policiers sont arrivés, on a commencé à les faire sortir deux par deux. _
_J'essaye de garder le sourire, mais j'ai toujours peur quand je vois une voiture avec les vitres teintées. _
- Mohammed avait 27 ans et était chauffeur VTC pour Uber depuis à peine 6 mois au moment des attentats. Quand les attaques commencent, ses proches l’appellent et lui disent de rentrer chez lui, ce qu'il fait. Chez lui, il suit les événements aux informations
Je ressentais le besoin d’aller offrir mon aide aux gens.
Animé par un besoin de porter secours, il repart de chez lui et se rend sur les lieux des attaques. Sur place, certains policiers sont méfiants de cet homme qui propose aux personnes des bouteilles d'eau et un trajet gratuit pour rentrer chez eux.
Toute la nuit, il raccompagne des personnes chez elles, et partage des moments forts avec elles.
_Je suis rentré chez moi avec la satisfaction d’avoir fait quelque chose de bien, d’avoir laissé une petite trace dans le cœur des gens. _
- Rodolphe est restaurateur, son affaire marche bien et se situe à deux pas du Bataclan. Ce soir là, pendant le service, tout bascule. Quand il comprend qu'il se passe quelque chose de grave, il éteint les fourneaux et accompagné de sa brigade ils font tout leur possible pour sécuriser les lieux et prendre soin des blessés en attendant les secours.
On est restés dans le restaurant jusqu'à 2h30 du matin. On était tous là, assis, je leur ai dit "buvez un coup, fumez une clope". Je leur racontais des histoires pour essayer de calmer deux ou trois personnes.
_J'ai juste donné un petit coup de main, je n'ai quand même pas sauvé la planète. Je n'ai rien fait d'héroïque, j'ai fait ce que n'importe qui devrait faire. _
Rodolphe juge avoir accompli son rôle de citoyen et invite toute personne se retrouvant dans cette situation à en faire autant.
- Au moment des attentats, Arnaud était interne en médecine au service de dermatologie de l'hôpital Saint-Louis. Lui et ses collègues étaient venus boire un verre au Carillon. Lors des premières détonations, ils croient à des bruits de pétards avant de voir les gens arriver en courant et en se jetant sous les tables.
Au Carillon, ils sont nombreux à être étudiants en médecine ou internes à l'hôpital. Avant l'arrivée des secours, ils se retrouvent confrontés à une scène de guerre et réagissent immédiatement. Ils vont faire don de leurs compétences, prodiguer des soins. Après avoir aidé les pompiers pendant une bonne partie de la nuit, ils rentrent chez eux, en métro.
Reportage **: Leila Djitli **
**Réalisation : Emmanuel Geoffroy **
1ère diffusion : 21/12/15
Merci à Nourredine et Touria, à Mohammed, Rodolphe et Arnaud, Eric, Delphine et Grégoire.
Chanson de fin : "How to Save a life" par The Fray.