Dans ce premier volet d'entretien, Jean-Denis Bredin se souvient de son enfance, marquée par deux éducations très différentes. Après le divorce de ses parents, il est d'abord élevé par son père, un homme d'origine juive pour qui l'éducation était "une vertu rigoureuse". Et qui lui dispense une stricte éducation bourgeoise, placée sous les auspices du travail, de la vertu, du devoir, et de la morale et où "l’on fait la chasse aux mauvaises influences". "Travailler, travailler, travailler et s’excuser en toute occasion" commente-t-il.
Pour éviter les "mauvaises fréquentations" de l'école communale, Jean-Denis Bredin fréquente le cours Hattemer. A la mort de son père en mai 1939, l'enfant découvre à 10 ans une vie différente avec sa mère, davantage marquée par la tendresse, et le plaisir. Conditionné par ces deux éducations contradictoires, l'avocat confie être dans l’incapacité d’exprimer ce qu’il veut. "J’ai hérité très fâcheusement de ces deux formations que j’essaie toujours de cumuler, en étant à la fois gentil comme le souhaitait ma mère et tout à fait moral, rigoureux et travailleur comme le souhaitait mon père" explique-t-il.
Pendant la guerre, Jean-Denis Bredin entre au lycée Charlemagne où il est témoin des conséquences de la politique collaborationniste du gouvernement de Vichy sur ses camarades juifs : "On faisait l’appel le matin et il manquait toujours deux ou trois élèves, arrêtés pendant la nuit probablement…". Il se remémore ses études avec "des professeurs admirables". La nuit, il se cachait pour composer des vers. Il développe un goût pour l’écriture "à la main", sur un ordinateur "c'est une autre civilisation" précise-t-il.
Peu après, il poursuit des études de droit et de lettres à la Sorbonne mais ses professeurs de lettres n'étaient pas bons. Il s’ennuyait terriblement, il préféra la Faculté de droit avec "ses chahuts".
Jean-Denis Bredin raconte son premier contact avec la justice, à l’origine de sa vocation d’avocat, au moment des procès de Pétain et de Laval auxquels il assiste en 1945. Comme sa rencontre avec Léon Blum et l'intervention de celui-ci au procès Laval.
Rediffusion de la série d'entretiens produite par Antoine Garapon, diffusés du 3 au 7 octobre 2011.
- Réalisation : Olivier Bétard
- Prise de son : Gilles Gallinaro et Benjamin Chauvin
- Avec la collaboration d’Antonin Rabecq
- Attachées de production : Claire Poinsignon et Daphné Abgrall
Bibliographie sélective
- Comédie des apparences (Odile Jacob, 2018).
- L’infamie : le procès de Riom, février-avril 1942 (Grasset, 2012).
- Ce rendez-vous avec la gloire (Fayard, 2010).
- Trop bien élevé (Grasset, 2007).
- Dreyfus, un innocent (Fayard, 2006).
- « On ne meurt qu’une fois » Charlotte Corday (Fayard, 2006).
- Un tribunal au garde-à-vous. Le procès de Pierre Mendès (Fayard, 2004).
- France, 9 mai 1941 (Fayard, 2004).
- Et des amours desquelles nous parlons (Fayard, 2004).
- Lettre à Dieu le Fils (Grasset, 2001).
- Une singulière famille : Jacques Necker, Suzanne Necker et Germaine de Staël (Fayard, 1999).
- Convaincre. Dialogue sur l’éloquence Jean-Denis Bredin et Thierry Lévy (Odile Jacob, 1997).
- Encore un peu de temps (Gallimard, 1996).
- Battements de cœur (Fayard, 1991).
- Un enfant sage (Gallimard, 1990).
- La tache (Gallimard, 1988).
- Sieyès : La clé de la Révolution française (de Fallois, 1988).
- Un coupable (Gallimard, 1985).
- L’Affaire (Julliard, 1983).
- Joseph Caillaux (Gallimard, folio Histoire, 1985).
- Les Français au pouvoir ? (Grasset, 1977).
- Droit du commerce international, Jean-Denis Bredin et Yvon Loussouarn (Sirey 1969)