Va-t-on vers de nouvelles mesures plus restrictives en France autour du Covid-19 ? "La situation est grave, les faits sont là : 72.000 morts depuis le début en France, 400.000 en Europe", regrette Jean-Yves Le Drian, qui assure que la situation ne s'arrange pas. "Il y a un sentiment, je pense, chez tous les Français, d'avoir fait beaucoup d'efforts et de voir la ligne d'horizon reculer en permanence. Avec une illisibilité sur la suite du virus : on pensait arriver à la fin d'un processus, et les difficultés renaissent avec les variants. Il n'y a pas d'exception au niveau européen et mondial."
Y'a-t-il un souci avec la campagne de vaccination en France et en Europe ? "D'abord, on a de la chance d'avoir le vaccin, je pense qu'il faut le redire", assure le ministre. "Il y a quelques mois, on nous disait que ça prendrait plus de temps, et on s'interrogeait sur l'action sur les traitement, parce que les vaccins étaient un horizon trop lointain. Là, nous avons des vaccins, et même plusieurs laboratoires. L'Union européenne a bien fait de sécuriser près de 2,4 milliards de doses : après, il faut les produire !"
Que pense Jean-Yves Le Drian de la reprise des contrôles aux frontières à l'intérieur de l'Union européenne ? Le ministre nie tout retard dans ce domaine : "Tout le monde l'a oublié, mais les frontières hors Europe sont fermées depuis le 18 mars de l'année dernière, sauf pour les Français qui reviennent : cette protection des frontières est acquise depuis déjà très longtemps."
Il se dit également très circonspect sur l'idée d'un passeport vaccinal, une mesure "prématurée" selon lui, mais "une question qui mérite d'être posée". Pour l'instant, il estime qu'il faut d'abord résoudre des questions "d'efficacité" du vaccin sur les transmissions, de "discrétion" sur les données médicales et "d'égalité".
Enfin, sur un éventuel reconfinement, il ne craint pas une réaction de désobéissance massive en France : "La riposte du gouvernement ne se fait qu'en réaction à l'évolution du virus : le sujet, c'est sauver des vies. Moi, je trouve que les Français ont été disciplinés : plus râleurs, mais plus disciplinés qu'ailleurs. Et ça c'est assez formidable."
Arrestation d'Alexeï Navalny : "Une dérive autoritaire inquiétante"
Pour le ministre des Affaires étrangères français, l'arrestation de l'opposant russe est un très mauvais signal : "Je trouve cette dérive autoritaire très inquiétante. Je trouve que la remise en cause de l'état de droit par ces arrestations collectives et préventives est insupportable... Et je trouve aussi que le succès des manifestations sur le territoire russe est impressionnant." Il rappelle aussi que l'affaire Navalny "ne date pas d'hier", et à nouveau "toute la lumière" sur les circonstances de son empoisonnement.
"Dignité et gravité" dans le discours d'investiture de Joe Biden
Jean-Yves Le Drian se dit plus "marqué" par le discours du nouveau président que par le départ du précédent. "J'ai été très frappé par la dignité et la gravité du discours [de Joe Biden], et par la nécessité de préserver la démocratie. Les États-Unis, très vieille démocratie, ont failli être victimes d'une insurrection populiste, alimentée par des fake news, une viralité qui entretenait une réalité artificielle."
En Iran, l'échec de la "méthode Trump"
Le ministre des Affaires étrangères repose la question des sanctions sur l'Iran. "C'est une situation très dangereuse : l'accès de l'Iran à l'arme nucléaire aurait des conséquences géostratégiques considérables. Il faut trouver le chemin de revenir dans les accords de Vienne. Nous sommes dans la situation contraire de ce que voulait Trump : il voulait la pression maximale pour éviter que l'Iran n'accède à l'arme nucléaire, la réalité c'est qu'il n'est pas loin de s'en doter."
"Pas de désengagement" au Sahel
Jean-Yves Le Drian rappelle qu'actuellement, il y a un effort supplémentaire en termes de nombre de soldats français sur place au Mali : "La question, c'est : est-ce que cet effort supplémentaire est maintenu ? Mais l'objectif est toujours le même : on ne se désengage pas, et on veut lutter contre le terrorisme." Pour lui, le Sahel, "c'est notre frontière sud : si on laisse cette région aux mains des djihadistes, c'est aussi notre propre sécurité" qui est en jeu.