Le gouvernement prévoit de réduire de manière significative le nombre de contrats aidés, ces emplois d'insertion partiellement financés par l'État. Le ministre du Travail, Olivier Dussopt, a annoncé la suppression de 15 000 de ces contrats l'année prochaine, dans le cadre des économies réalisées pour le projet de loi de finances 2024.
Avec les contrats aidés, l'État subventionne en quelque sorte des emplois visant en général à favoriser l'accès au monde du travail pour les jeunes ou les personnes en grande difficulté professionnelle. Il existe une demi-douzaine de dispositifs différents. Les premiers contrats aidés remontent à 1977.
Les contrats d'apprentissage pas concernés
Il ne faut pas confondre les contrats aidés avec les contrats d'apprentissage (l'alternance en entreprise), eux aussi aidées par l'État et même fortement promus par l’exécutif depuis le premier quinquennat d'Emmanuel Macron. Dans le même temps, les autres contrats aidés, ont connu des coupes massives dans leur budget et ils ont vu leur nombre se réduire considérablement. Un choix qui n'est pas anodin selon l'économiste de l'OFCE Eric Heyer :
«la très forte augmentation du nombre de contrats d'apprentis, on l'observe chez des jeunes qui ont un BAC+3, un BAC+ 4 et un BAC+ 5 et pas du tout pour des jeunes qui sont au niveau du BAC ou infrabac et donc, ça sera quand même plutôt au détriment des personnes qui sont éloignées du marché du travail et qui ont assez peu de qualifications. »
Le monde associatif alerte
Le ministre du Travail Olivier Dussopt se justifie en expliquant que la conjoncture sur le marché de l'emploi s'améliore. Il y a moins de chômage, plus de difficultés de recrutement pour les entreprises, donc notre économie aurait moins besoin des emplois aidés. Mais ce n'est pas si simple, alertent en particulier les acteurs du monde associatif qui ont souvent bénéficié de ces facilités de recrutement pour embaucher des jeunes pour des missions d'animation, de médiation ou d'accompagnement social dans les quartiers populaires. Deux mois après les émeutes urbaines du début de l'été, couper encore dans ces contrats aidés, c'est un bien mauvais signal envoyé pour Mohamed Mechmache, président de la coordination "Pas sans nous".
"Aujourd'hui le tissu associatif est devenu un sous-traitant du service public. Ce sont souvent ces diverses associations qui pallient le manque de service public. Si on leur retire ces emplois aidés qui leur permettraient de pouvoir mieux accompagner les habitants de cette jeunesse, il faudra juste prendre compte les dommages collatéraux qu'on risque de vivre."
De son côté, le ministère du Travail explique qu'il envisage surtout de réduire les contrats aidés dans le secteur marchand et que ce n'est d'ailleurs à ce stade qu'une piste à l'étude parmi d'autres, pour un projet de budget 2024 qui sera présenté à la fin du mois de septembre.
