Laïcité à l'école : un débat sans issue
Lundi soir, Emmanuel Macron était invité sur la chaine Hugo Décrypte pour parler de la jeunesse, le jour de la rentrée scolaire. Et pour rappeler, une fois encore, le rôle particulier de l’école par rapport à un des principes fondamentaux de notre République : la laïcité.
Pourquoi une telle sortie ? Parce qu’en cette rentrée 2023, deux décisions du ministre de l’Education, Gabriel Attal, ont remis la laïcité sur le devant de l’actualité. D’abord l’interdiction de l’abaya et du qamis dans les écoles, collèges et lycées publics, au motif qu’il s’agirait de vêtements ostensiblement liés à la religion musulmane (le Conseil d’Etat a donné raison au ministre en soulignant une ‘’logique d’affirmation religieuse’’) ; puis l’annonce de la prochaine expérimentation de l’uniforme à l’école (d’une tenue scolaire unique), là encore pour défendre la laïcité dans le cadre scolaire (même si ce n’est pas l’unique motif qui préside à cette expérimentation).
Le fait est que depuis 1989, année du bicentenaire de la Révolution française, la question de la laïcité à l’école s’invite régulièrement dans le débat public. Cette année-là, à Creil, dans l’Oise, trois lycéennes musulmanes, qui refusent d’enlever leur voile en classe, sont exclues de leur établissement.
C’est le début d’un long combat pour savoir si le port du voile à l’école porte atteinte ou non au principe de laïcité.
En 2004, la loi vient clore ce débat en interdisant les signes religieux ostensibles dans les établissements scolaires publics. Voile islamique mais aussi kippa ou croix de dimension importante sont proscrits.
Mais le débat n’est que provisoirement clos...
Les attentats de 2015, et plus encore l’assassinat de l’enseignant Samuel Paty en octobre 2020, mettent tragiquement en lumière la vulnérabilité de la société en général, de l’école en particulier, sur la question du respect de la laïcité.
Comme si, plus de 30 ans après l’affaire de Creil, la France se révélait incapable de rester fidèle à la philosophie qui fût celle de la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État, à savoir une loi pour pacifier le pays.