Médiathèque Georges Brassens

Un vaste collectif d’écrivains, d’intellectuels, d’artistes, d’éditeurs… – dont Elisabeth Badinter, Isabelle Carré et Jamel Debbouze – interpelle, dans une tribune au "Monde", le ministre de l’Éducation pour lui demander d’engager une profonde refondation de l’école. Ils jugent notamment nécessaire de réduire le nombre d’élèves par classe. "M. Gabriel Attal, redonnez à l’écrit, dès l’école primaire, ses lettres de noblesse", lancent, désemparés de voir le mal qu'ont leurs enfants à écrire, les parents et grands-parents que sont les signataires de cette tribune. "On incrimine pas du tout les professeurs dans la lettre" , précise Isabelle Carré, "c'est très important de le dire, au contraire" .

"C'est un constat qui nous brule, avec Delphine Saubaber, journaliste qui a décidé de mettre sa carrière entre parenthèse pour donner des ateliers d'écriture. Nous en avons fait un à la mairie de Biarritz cet été, et on s'est rendu compte qu'il y avait un grand besoin de les écouter, de les faire écrire", explique Isabelle Carré, comédienne et écrivaine.

Permettre aux enfants de "trouver leurs mots et de parler de leurs maux"

"L'école doit cesser d'être si évaluative, pour devenir créative. Pour permettre aux enfants de se connaître, de se reconnaître, de parler trouver leurs mots et de parler de leurs maux", plaide-t-elle, insistant sur l'importance de restitutions pour les parents. "Quand on écrit, on se rend compte que l'écriture précède la pensée."

"En gros c'est un quart d'une classe qui n'écrit pas. Un quart écrit plutôt bien, et l'autre moitié avec difficulté", rapporte la comédienne, en expliquant s'être renseignée auprès des professeurs signataires. La tribune, et Isabelle Carré le confirme, insiste aussi sur la "toute puissance des écrans" pour les plus jeunes et l'apparition de l'intelligence artificielle. "Ce n'est pas l'idée de dire qu'on est contre les écrans, bien sûr ils ont été utiles, notamment pendant le confinement. Mais ça coupe du monde."

Interrogée sur les révélations d'Emmanuelle Béart sur l'inceste dont elle a été la victime, Isabelle Carré rappelle qu'en moyenne "deux élèves par classe sont victime d'inceste". "Pouvoir utiliser les mots, pour se réapproprier son histoire. La dire, c'est aussi réparer, on devient actifs avec les mots", estime encore la comédienne.