Ils se font appeler GPEP, G9, 400 Mawozo, Chen Mechan... Et Ils sont au total plus d’une centaine à Port-Au-Prince. Des groupes armés, qui sillonnent les rues de la capitale haïtienne, bloquent le ravitaillement, et tirent à l’arme lourde sur les maisons. Depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse, en 2021, c’est le Premier ministre Ariel Henry qui assure l’intérim. Aucune élection n’a eu lieu, Il n’y a plus de Parlement, plus de Sénat, plus de justice qui fonctionne: aucun procès, pour juger les auteurs d’exactions. Les organisations de défense des droits humains dénoncent des protections, et des alliances au plus haut niveau.
"Les liens qui existent entre les gangs armés, les autorités étatiques et des membres de la police d’Haïti ce sont des liens très forts", explique Rosy Auguste Ducena, avocate et représentante du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH). "C’est une mafia qui dirige Haïti. Les autorités étatiques s’imaginent qu’elles peuvent utiliser ces structures de gangs armés pour se maintenir au pouvoir et surtout pour se renouveler au pouvoir".
Face à ces affrontements, les organisations humanitaires recensent 165.000 déplacés, 2 millions de personnes au bord de la famine. Une population qui se jette elle aussi dans la bataille. Ces 5 derniers mois, plus de 350 personnes soupçonnées d’appartenir a des gangs ont été tuées par des groupes d’autodéfense. Le Mouvement Bwa Kalé -littéralement "morceau de bois qui se redresse"- a démarré fin avril, avec 14 suspects, sortis de force d’un commissariat, lynchés, et brûlés par une foule de 500 personnes.
"La police venait d’arrêter un minibus chargé d’armes a feu, raconte un habitant du quartier de Canapé Vert. "Il y avait des fusils d’assaut, des calibres 9mm.. Sous le coup de l’émotion, la population est devenue violente. Par la force des choses nous avons apporté notre soutien à ce qui était en train de se passer".
Le point de départ de ce mouvement d’autodéfense, baptisé Bwa Kalé, ce sont les violences subies par les femmes. Le meurtre de la famille Désenclos, l’an dernier, une mère et ses filles brûlées dans leur voiture.
C’est dans le quartier de Carrefour Feuilles, commence cette émission. Quartier où les habitants ont fui face a l’attaque le mois dernier du gang de Gran Ravine, et où les combats continuent.
"Haïti, un état en voie de disparition"
- Un reportage d'Omar Ouahmane
- Réalisation : Jérôme Chelius assisté de Martine Meyssonnier
- Mixage : Alisson Ascrizzi
