C'est une mort qui a secoué la France cet été, celle de Nahel, 17 ans, tué par un tir policier à Nanterre pour un refus d'obtempérer. Diffusées sur les réseaux sociaux, des images ont contredit la version initiale de la police et enflammé une partie de la jeunesse. Des émeutes se sont propagées sur tout le territoire, avec une violence jamais vue auparavant.
Si les pillages ont altéré ce cri de colère, cette révolte contre la police, la gendarmerie, l'Etat en général, a entraîné le déploiement massif de forces de l'ordre. Près de 45 000 hommes, avec des unités d'élite jamais utilisées pour le maintien de l'ordre. Et cette fois, c'est l'utilisation du lanceur de balles de défense qui est questionné : un mort à Marseille, et de nombreux blessés, dont certains gravement mutilés. "J'ai reçu le tir de dos, donc j'ai pas pu voir qui m'a tiré dessus. On m'a balayé au sol. Ils étaient au moins deux ou trois sur moi en train de me frapper. J'ai subi un traumatisme crânien gauche, la mâchoire cassée, je ne vois plus de l'oeil gauche", confie Hedi, qui a dû être amputé d'une partie d'une crâne, en raison de l'hémorragie et de son cerveau compressé.
L'usage des armes à feu pour la légitime défense des policiers, a été élargie au refus d'obtempérer, dans la foulée des attentats terroristes. Sur le terrain, les forces de l'ordre sont-elles suffisamment formées, préparées, encadrées ? L'usage d'armes non létales s'est aussi généralisé : émeutes, manifestations, gilets jaunes. Y a-t-il un recours disproportionné à ces armes ? Une violence illégitime, exercée par une police chargée de maintenir l'ordre public, mais aussi de protéger les citoyens ?
Interception est allée à la rencontre de victimes, de policiers, d'avocats. A l'IGPN aussi, l'Inspection Générale de la Police Nationale, qui enquête sur ces dérives. A la rencontre également d'un ancien sous-préfet, inquiet d'un basculement. Il a filmé les violences policières illégitimes dans des manifestations de gilets jaunes ou contre la réforme des retraites.
Du côté de la police, on se défend de tout excès. On souligne la violence qui a gagné la société, la fin du respect de l'autorité, les centaines de blessés dans les rangs des forces de l'ordre, la haine même contre l'institution.
"Police, violences légitimes ou illégitimes ?", reportage de Sophie Parmentier. Qui nous emmène d'abord sur un stand de tir privé, avec des policiers en formation sur leurs jours de congés.
Avec des prises de son de Sandrine Mallon, Martin Troadec, Stéphane Beaufils.
Réalisation : Jérôme Chelius, assisté de Martine Meyssonnier.
Mixage : Amandine Grevoz.
Production : Aurélien Colly.
