Le génome actuel des populations d’Europe s’est constitué au fil de 40 000 ans de migrations et des mélanges de populations qui en ont découlé. La fin du néolithique constitue à ce titre une période particulièrement riche en ce qu’elle est marquée par plusieurs vagues de métissages.
En 2006, une tombe de cette période était découverte à Bréviandes en France. Au moment de la découverte de ces sept individus, on imagina qu’il s’agissait d’une sépulture collective. Pourtant une étude génétique récente de ces fossiles nous livre un portrait de famille un peu spécial témoignant du dernier grand métissage survenu en Europe au néolithique.
Lorsque l’archéologie marche main dans la main avec l’anthropologie et la génétique, le passé prend chair et se remet en mouvement.
L'Entretien archéologique a le plaisir de recevoir Eva Maria-Geigl, directrice de recherche CNRS, co-responsable de l'équipe “Épigénome et paléogénome” à l'Institut Jacques Monod de l’Université Paris Cité. Elle a co-piloté cette étude génétique récente des ossements humains trouvés dans la tombe de Bréviandes, étude qui a fait la une du magazine Science Advances en juin 2024.
Illustration des deux vagues de métissage entre des groupes d’ascendance steppiques et néolithiques et leurs cultures respectives :
A gauche : la tombe collective néolithique de Bréviandes les Pointes, Aube, associée au Néolithique finale représentée par une jarre en terre cuite, qui a vu l’arrivée de l’ascendance des steppes en France, probablement associée à la culture de la céramique cordée sous sa forme « all over corded » (AOC).
A droite : la sépulture à Saint-Martin-la-Garenne “les Bretelles”, Yvelines, avec un brassard en schiste, accessoire d’un archer, associée à la culture campaniforme représentée par un vase campaniforme.
Crédits photos : Tombe collective BRE445 de Bréviandes les Pointes in situ: © Inrap ; jarre en terre cuite datée de la fin du Néolithique. © C. Gaumat, musée Bargoin, Clermont Auvergne Métropole; vase AOC de Ciry-Salsogne (Aisne) : © S. Oboukhoff, CNRS ; Poignard en silex provenant du site du Grand-Pressigny en région Centre mis au jour à Bricqueville-la-Blouette (Manche), Néolithique récent et final: © Hervé Paitier, Inrap ; Sépulture campaniforme à Saint-Martin-la-Garenne “les Bretelles”, Yvelines, France, avec brassard en schiste: © Nicolas Girault (Service archéologique interdépartemental Yvelines/Hauts-de-Seine SAI 78-92) ; Vase campaniforme. © Luis García (licensed under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported, 2.5 Generic, 2.0 Generic and 1.0 Generic license).
Pour aller plus loin
L'étude en question : Les sépultures collectives du Néolithique tardif révèlent la dynamique des mélanges au cours du troisième millénaire avant notre ère et la formation du génome européen (Science Advances, en anglais, 2024)
Le dernier grand métissage européen raconté par la tombe de Bréviandes (Pour la Science, 2024)
La culture des tombes en fosse (3300 à 2600 av. J.-C.) (Hérodote, 2024)
Migrations au Néolithique : une reconstitution grâce à l’étude de l’ADN ancien (MNHN, 2022)
Yamnayas, Cordés et Campaniformes en mouvement (Généalogie génétique, 2022)
7 000 ans d’histoire démographique en France (CNRS, 2020)
L’énigme Campaniforme (Tout a commencé au Néolithique - Blog, 2016)
Les références musicales
Le générique de début : Glue par Bicep
Le générique de fin : Mésange rouge par Kick et Flûte
