Essai - "Capital et race. Histoire d'une hydre moderne"
De la "découverte" de l'Amérique par Christophe Colomb à l'économie d'Adam Smith, comment le capitalisme s'est-il fondé sur une domination raciale ? Pourquoi peut-on parler de "capitalisme racial" ? Dans quelle mesure la science économique a-t-elle contribué à faire de la race un impensé du système économique ? Pour en parler, nous recevons Sylvie Laurent, historienne et américaniste française, maîtresse de conférences à Sciences-Po. Son ouvrage Capital et race. Histoire d’une hydre moderne paraît ce vendredi 26 janvier 2024 aux éditions du Seuil.
"Il y a eu une longue tradition visant à disculper le capitalisme de sa nature esclavagiste, coloniale et donc fatalement raciale. Tout ce discours a consisté, depuis Adam Smith lui-même jusqu'à Tocqueville ou Gary Becker, à prétendre que certes, il y a eu des violences raciales, une surexploitation, une discrimination chronique… mais que ça n'était pas le "bon" capitalisme : il s'agissait d'un ancien capitalisme, d'une erreur, d'une irrégularité de marché, une relique du féodalisme" précise Sylvie Laurent.
Table ronde d'actualité - La crise agricole est-elle celle du revenu des agriculteurs et agricultrices ?
"Pour nous, la vraie crise est autour du prix [des productions agricoles, et du revenu", a déclaré Laurence Marandola, la porte-parole de la Confédération paysanne, syndicat agricole. La syndicaliste accuse les "politiques mises en œuvre depuis des décennies (…) d'avoir appauvri les agriculteurs".
Selon l'INSEE, en 2021, seul un tiers du revenu moyen des ménages agricoles provenait de leur activité, soit 17 700 euros en moyenne. En effet, les ressources de ces ménages reposent en grande partie sur les revenus du conjoint ou d'activités secondaires. Cette moyenne cache de fortes inégalités territoriales, et varie selon le type d'exploitation. Comme le précise Nathalie Joly, "une des caractéristiques de l'agriculture est le très grand écart entre les revenus les plus faibles et les plus forts. Quand un quart des agriculteurs gagne un revenu brut de moins de 850 euros par mois, un autre quart de la profession gagne plus de 5 000 euros".
Il n'empêche que la profession est durement frappée par la pauvreté : selon l'Insee, 18 % des agriculteurs exploitants vivent sous le seuil de pauvreté, établi à 13 000 euros par an pour une personne seule en 2018. Dès lors, comment mieux rémunérer les agriculteurs et agricultrices ? La crise agricole est-elle celle du revenu des agriculteurs et agricultrices ?
Selon Jean-Marie Séronie, l'élargissement des compétences requises dans la profession explique en partie ses problèmes de rémunération : "aujourd'hui, un bon technicien dans l'agriculture ne va pas forcément réussir. Et quelqu'un qui sait bien gérer, s'il n'a pas les compétences techniques, il va aussi se planter".
Pour aller plus loin
- Nathalie Joly, Lucie Dupré et Sandrine Petit : D'une agriculture l'autre. Conflictualités, expérimentations, transmissions (Educagri et Quaé Editions, 2023)
Références sonores
Références musicales
- Keep Your Eyes On The Prize de Pete Seeger