Médiathèque Georges Brassens

Pierre Bouteiller ouvre le bal avec une question aussi simple que redoutable : Que retenir de 1983 ? Jean-Didier Wolfromm, agacé, fait grincer la plume en s'attaquant aux choix des jurys littéraires. Il s'arrête sur le cas de Frédérick Tristan, lauréat du Prix Goncourt pour Les Égarés , un livre qu’il décrit comme "beau", mais loin d’être marquant. Jean-Jacques Brochier, plus mesuré, rappelle que même si ce n'est pas l’œuvre la plus brillante de Tristan, le Goncourt couronne l'ensemble de sa carrière. Un débat qui, déjà, laisse entrevoir la dissension dans les rangs.

Françoise Ducout prend la parole pour adoucir les critiques acerbes. Si Frédérick Tristan n’a pas soulevé l’enthousiasme chez Wolfromm, elle, défend Riche et légère de Florence Delay avec la même ardeur. Pour elle, tout est question de ton : là où certains jugent les prix trop sérieux, elle valorise les œuvres capables de divertir sans prétendre à plus. Les Égarés et ses subtilités spirituelles peuvent bien avoir leurs détracteurs, elle préfère le charme espiègle de Delay.

Bertrand Poirot-Delpech, quant à lui, voit les prix littéraires d’un œil plus indulgent. Il comprend la décision du jury pour Frédérick Tristan, même si, à ses yeux, l’année a surtout été sauvée par Echenoz et Weyergans, qui l'ont fait rire, un exploit dans une année jugée "féconde, mais un peu ennuyeuse". Si les libraires ont eu raison de saluer des œuvres plus audacieuses, lui ne dénigre pas totalement le Goncourt, soulignant l’importance de reconnaître une carrière aussi prolifique que celle de Tristan, même si Les Égarés n’est pas son grand chef-d’œuvre.