Sur le canapé au milieu des copains qui discutent, au cinéma, au théâtre, au travail ou même au volant (ce qui m’a valu quelques frayeurs), longtemps, je me suis endormi partout sans prévenir. Jusqu’au moment où je me suis enfin décidé à consulter, c’était il y a 3 ans. Ce jour-là, j’étais loin d’imaginer que j’allais intégrer la grande famille des « mauvais dormeurs », une jungle faite de pathologies aux noms les plus exotiques : apnée du sommeil, narcolepsie, hypersomnie, parasomnie, TCSP (troubles du comportement en sommeil paradoxal), syndromes de Kleine-Levin ou des jambes sans repos… et j’en passe ! Censé être un délicieux moment d’abandon, le sommeil se révélait un univers bosselé, troué, vérolé, bref, aux antipodes du bonheur imaginé.
Des maladies du sommeil qui, historiquement, ont mis du temps à être identifiées. Ce n’est qu'à partir des années 1800 que les dysfonctionnements du sommeil vont petit à petit être considérés comme des maladies à part entière comme nous le raconte Sophie Panziera, doctorante en histoire : “Avant le XIXᵉ siècle, on considérait que les pathologies du sommeil relevaient uniquement de deux causes différentes. Elles étaient soit liées à un problème moral : si on dormait trop, ça voulait dire qu'on était fainéant, qu'on était paresseux, et à l’inverse, si on ne dormait pas assez, c'est qu'on avait trop d'inquiétude, de passion ou alors qu'on se fatiguait trop nerveusement. Soit, elles étaient le symptôme d'une maladie plus grave, plus importante. Et dans ce cas-là, il fallait chercher les autres symptômes pour savoir à quelle maladie on avait affaire”.
Heureusement, de nos jours, les maladies du sommeil sont considérées et étudiées, car comme le rappelle Isabelle Arnulf : “Le sommeil est une période fragile qui permet de repérer certains dysfonctionnements du corps humain”.
Un documentaire de Jérôme Sandlarz, réalisé par Agnès Cathou.
Avec :
Marc Blumen, médecin du sommeil au CMVS (Centre Médical Veille Sommeil), à Paris
Isabelle Arnulf, cheffe de service de l’unité des pathologies du sommeil de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris
Solène et Augustin, patients narcoleptiques
Camille, patiente somnambule
Sophie Panziera, doctorante en histoire et auteur de Le sommeil au XIXème siècle. Normes et imaginaires du dormir (1770-1914), thèse sous la direction de Dominique Kalifa puis de Laurence Guignard (Université Paris-Panthéon Sorbonne – Ecole doctorale d’Histoire).
Marie Amélie Dalloz, neurologue à L’hôpital de la Pitié-Salpêtrière et au CMVS, auteure d’un article sur le somnambulisme au cinéma.
Fanny Leroy, ma compagne.
Avec des extraits de :
Mon petit papa fait des cauchemars de Hanieh Delecroix et Thomas Baas (Ed. Actes Sud Junior 2018)
Attaques de sommeil hystérique, Leçons du Docteur Charcot (1887-1888)
Ma copine narcoleptique (chanson de Lénine Renaud)
Boniface Somnambule (1951) de Maurice Labro avec Fernandel (dans le rôle de Boniface) et Louis de Funès
Somnambule, court métrage de Timothée hochet
Chanson de fin : Les insomnies de Barbara
Prise de son : Frédéric Cayrou, Phuong-Mai Tran et Jean-Ghislain Maige
Liens :
Bibliographie
Isabelle Arnulf : Une fenêtre sur les rêves, neurologie et pathologies du sommeil (Ed. Odile Jacob 2022)
Damien Léger : Les troubles du sommeil (Que sais-je ? / Juin 2022)
Sophie Panziera : Le sommeil au XIXème siècle. Normes et imaginaires du dormir (années 1770-1914), thèse sous la direction de Dominique Kalifa puis de Laurence Guignard.
Guillaume Garnier : L’oubli des peines, une histoire du sommeil (1700-1850) (Ed. Presses universitaires de Rennes 2013)
Partenariat
LSD, La série documentaire est en partenariat avec Tënk , la plateforme du documentaire d’auteur, qui vous permet de visionner jusqu'au 13/02/23 le film de Sophie Bruneau - Rêver sous le capitalisme - Film documentaire - Tënk (on-tenk.com)
