De nos jours, la notion de "coup d'Etat" n'a pas bonne presse. Nous avons tous en tête le coup d'Etat de Louis-Napoléon Bonaparte, le 2 décembre 1852, ou celui du général Pinochet au Chili, le 11 septembre 1973. Deux exemples où l'armée a détruit un régime démocratique pour le remplacer par une dictature.
En France, le Cardinal Richelieu est le premier dirigeant qui fera de la raison d'Etat le fil conducteur de sa politique
Pourtant, lorsque l'expression, "coup d'Etat", s'est diffusée dans la pensée politique européenne, elle avait des connotations plutôt positives. La réflexion sur le sujet s'inscrivait dans le prolongement de la pensée politique développée au XVe siècle par Machiavel, concernant "la raison d'Etat." C'est cette raison suprême, affranchie de toute morale, qui devait dicter sa conduite au prince, afin de conserver la force et la santé de l'État.
En France, le cardinal Richelieu fut le premier dirigeant qui fit de la raison d'Etat le fil conducteur de sa politique. Toutefois, sur le plan théorique, c'est un autre nom de la même époque qui doit être retenu. Il s'agit de Gabriel Naudé. Né le 2 février 1600 à Paris et mort le 10 juillet 1653 à Abbeville, il est surtout connu aujourd'hui pour avoir été le premier auteur ayant proposé un premier classement systématique des livres dans une bibliothèque. Mais pour la question qui nous occupe aujourd'hui, c'est son ouvrage intitulé, Considérations politiques sur les coups d’État, paru en 1639. Pour Naudé, en effet, le coup d’État fait partie des arts de gouverner. C'est un acte extrême et violent qui se justifie quand la raison d’État, confrontée à un événement pressant et urgent, doit s’affranchir de ses propres lois pour le salut de l’État. Dans ces circonstances extrêmes, le coup d'Etat s'impose au prince car son devoir suprême est de sauver l’État.
Cette manière de justifier les coups d'Etat, difficilement compréhensible aujourd'hui, jouissait d'une bonne considération au XVIIe siècle (...)
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