Médiathèque Georges Brassens

Quand nous faisons l'expérience de l'urgence, d'une urgence quelle qu'elle soit, nous avons un double sentiment d'enfermement, d'abord dans un danger objectif - quelque chose qui tombe sur nous, et à quoi il faut répondre par un geste du corps, un recours à d'autres humains, à des institutions qui peuvent permettre d'écarter le danger - mais aussi, le sentiment que plus rien n'a d'importance, que nous sommes enfermés dans ce cercle de l'urgence.

Ce double sentiment nous donne aussi le critère de ce qui d'une certaine façon, nous libèrera des urgences : ce n'est pas simplement le fait d'avoir repoussé le danger, c'est aussi le fait d'être plongé dans une expérience où l'on n'est plus obsédé par le temps en tant qu'il vient nous rappeler toujours la menace de la mort, le temps qui passe, le cadre temporel, même simplement cette urgence de profiter de la vie, que certains entendent dans le mot d'ordre épicurien, "Profite de l'instant !"

"Profite de l'instant : Carpe Diem !"

"Profite de l'instant !"  En principe, "Carpe diem", "saisis l'instant", c'est pour nous faire oublier l'urgence, mais dès qu'on y pense, cela devient obsessionnel. "Profite de ce moment, il n'est pas éternel, il est éphémère, il va disparaître." Pour être délivré de l'urgence, il faut non seulement repousser les dangers vitaux qui nous menacent réellement parfois, mais aussi, avoir des expériences temporelles, sans l'obsession du temps, délivrées de la pensée explicite du temps, expériences où l'on voit alors surgir quelque chose de nouveau (…)