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La Roquette, Saint-Lazare, Fleury-Mérogis… quartiers de femmes pénitentes


Des récits intimes sur la prison, la vie d’avant et d’après, c’est ce que propose en 1992 cette "Nuit magnétique" intitulée "La prison au féminin pluriel, de face et de profil". Paroles de femmes, historienne, criminologue, surveillante et détenue, avec notamment Michèle Perrot.


Michelle Perrot Historienne spécialiste de l'histoire des femmes, professeure émérite d’histoire contemporaine à l'Université Paris Cité



   
Provient de l'émission
Les Nuits de France Culture

Au programme
  • Une prison, ce n’est pas qu’un simple ensemble de bâtiments, structurés pour enfermer et punir. Ce n’est pas qu’un lieu où on purge une peine, où on attend, encore et encore, que le temps soit enfin venu de retrouver le monde, le vrai. Un lieu cruel et impitoyable, où la douceur et l’espoir tentent coûte que coûte de se faire une place. C’est aussi un carrefour où se croisent des centaines voire des milliers de vies, souvent mouvementées, souvent marquées par des erreurs et des blessures. C’est cette richesse et cette multiplicité qui en fait un lieu aussi particulier, où chacune et chacun à une histoire à raconter, une vie à dérouler, à condition que les langues se délient. Des récits personnels, sur la prison, la vie d’avant et la vie d’après, c’est ce que propose ce numéro des Nuits magnétiques qui se penche plus spécifiquement sur les prisons de femmes.

    "La criminalité féminine - infanticide, avortement, crime passionnel - est lié au ventre des femmes"

    "Au 19ᵉ siècle, le délit majeur, c'était le vol. Il y avait deux types de vols. Il y avait les vols domestiques, comme il y avait énormément de femmes qui étaient servantes en ville et à la campagne. Le vol était sévèrement puni. Ce n'était pas la valeur de l'objet, mais c'est l'idée qu'il y a une rupture de confiance. Ne pas avoir confiance en sa domestique qui doit vous servir loyalement, c'est une félonie. Le deuxième délit après 1850, c'est le vol de grand magasin. Le Bon Marché, la Samaritaine, très vite le grand magasin est devenu le lieu du désir féminin, de la tentation féminine (...) La majeure partie des femmes qui sont en prison, enfin beaucoup d'entre elles du moins, sont des prostituées. Alors, il faut faire attention, la prostitution n'est pas un délit, puisque la France admet que c'est un mal nécessaire. Par conséquent, la prostitution en France est réglementée, mais elle n'est pas interdite. Et par conséquent, ne seront arrêtées pour prostitution que les femmes qui ne sont pas en règle. C'est-à-dire qu'il fallait être inscrite sur des registres de prostitution, il fallait avoir une carte, il fallait travailler de préférence dans des lieux désignés, les bordels ou les maisons de rendez-vous." Michèle Perrot.

    "On a eu des améliorations après 1968. Mais cela a vraiment changé à partir de 1974. Avec l'autorisation du maquillage, chose très importante pour les femmes. Cela a amené un changement. J'ai éclaté de rire le matin où j'ai pris mon service, quand j'ai ouvert la porte." Une surveillante.

    • Par Nathalie Danglade
    • Avec Marie (bientôt 70 ans dont 30 passés en prison), Michèle Perrot (historienne), Mme Schulke (surveillante à Rennes depuis 1963), Marie-Noëlle (condamnée à perpétuité), Robert Cario (criminologue, spécialiste de la prison au féminin) et Karine (24 ans, incarcérée pour la première fois à 16 ans)
    • Réalisation Claire Almayrac
    • Nuits magnétiques - La prison au féminin pluriel, 1 : De face et de profil (1ère diffusion : 06/10/1992)
    • Indexation web : Documentation sonore de Radio France
    • Archive Ina-Radio France
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Les Nuits de France Culture carré
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  • Radio France
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