Médiathèque Georges Brassens

Souleymane Bachir Diagne se dit un « enfant de Saint-Louis » où il est né. Même s’il n’y a pas vécu longtemps, il s’y sent chez lui et "doit tout à sa culture et à sa spiritualité". Le philosophe est originaire de cette ville fondée sur l’île de Ndar en 1659 par les Français. Il est l'héritier de cette ville métisse, aux multiples visages, à la fois française, marocaine, mauritanienne : "Saint-Louis est une ville d'immigration où s'est installée une population marocaine, originaire de Fez, mais aussi mauritanienne, car Saint-Louis a été capital du Sénégal et de la Mauritanie." Ce cosmopolitisme a créé une tradition intellectuelle à la fois d'érudition islamique, "beaucoup de grands maîtres des études islamiques se sont installés à Saint-Louis", et dans la tradition de l'enseignement issu des écoles françaises.
Il dit l’importance de la religion musulmane dans sa famille, son grand-père imam, sa grand-mère fille de marabout qui enseignait elle-même le Coran, son père fonctionnaire des Postes le jour et théologien le soir.

Il revient sur la branche soufie de l’islam et la voie dite de la Tidjaniya à laquelle est affiliée sa famille. "Le soufisme est la dimension mystique de l'islam. C'est l'idée d'une quête à la fois de Dieu et la quête de soi." La Tidjaniya a été fondée par Ahmed al-Tijani au XVIIIe siècle, à Fez au Maroc. "Le Sénégal et en particulier la ville de Saint-Louis se distingue comme étant véritablement une des capitales de cette confrérie", précise Souleymane Bachir Diagne. Il parle aussi des valeurs de tolérance et d’ouverture d’esprit dues à l’importance du savoir dans son éducation parentale, à la dimension rationaliste de la culture familiale. Il raconte enfin ses années à Ziguinchor, en Casamance, région côtière au sud du pays où il dit avoir construit son "être-au-monde sur le mode bougarabou, du nom du tambour qu’on peut considérer comme un symbole des musiques et des danses de la région."

Générique

Par Caroline Broué. Réalisation : Charlotte Roux. Prise de son : Martin Troadec. Chargée de programme : Daphné Abgrall. Coordination : Florian Delorme.

Pour aller plus loin

• Cycle de cours « Nouvelles compréhensions du monde »
• « Programme SUDS » à l’ENS
• Le cycle de recherches sur Senghor
• L’exposition Senghor et les arts au Musée du Quai Branly

Bibliographie sélective

• De langue à langue (Ed. Albin Michel, 2022).
• Le fagot de ma mémoire (Ed. Philippe Rey, 2021).
• Postcolonial Bergson (Ed. CNRS, 2020).
• La controverse, dialogue sur l’islam, coécrit avec Rémi Brague (Ed. Stock, 2019).
• En quête d'Afrique(s) : universalisme et pensée décoloniale, coécrit avec Jean-Louis Amselle (Ed. Albin Michel, 2018.)
• Ma vie en islam, (Ed. Philippe Rey, 2016).
• Islam et société ouverte. La fidélité et le mouvement dans la pensée de Muhammad Iqbal (Ed. Maisonneuve et Larose, 2001).
• Léopold Sédar Senghor : l'art africain comme philosophie (Ed. Riveneuve, 2007).