Luc, 77 ans, professeur d’anglais retraité, s’est lancé dans une colocation gay à Paris.
Né en 1945, il se marie en 1969 et a deux enfants.
Il se sépare un temps de sa femme pour vivre des histoires avec des hommes, puis retourne vivre avec elle pendant une dizaine d’années, au cours desquelles ils ont un troisième enfant.
“C’est grâce à ce retour à l'hétérosexualité entre 1981 et 1993 que je n'ai pas attrapé le sida, alors que mes amis les plus proches étaient malades ou bien mouraient.” Luc
A 48 ans, le couple se sépare. Luc débute alors une nouvelle vie, vivant pleinement son homosexualité.
“J'ai l'impression que l'on part du principe que les vieux n'ont pas de sexualité, et encore moins avec une personne du même sexe.” Luc
Ne souhaitant pas s’installer en maison de retraite, où il ne serait pas libre de vivre sa sexualité, Luc rencontre, par le biais de l’association “GreyPride”, d’autres hommes partants pour former une colocation.
“Nous avons pris conscience qu'une colocation entre personnes vieillissantes ne s'improvise pas comme une colocation étudiante, mais qu'il fallait travailler en amont sur le vivre ensemble et sur la notion d'affinité qui, pour moi, est la plus importante au niveau d'une colocation.” Luc
Alors que Nathalie s’occupait depuis une vingtaine d’années de sa sœur, présentant un handicap, elle décide d’accueillir chez elle des personnes en perte d’autonomie.
“Ce qui m'a dérangée lorsque je travaillais en Ehpad, c'est le manque de temps pour s'occuper des patients, de temps pour partager des moments avec eux. Ils attendent dans les chambres, seuls.” Nathalie
En juillet 2006, elle obtient l’agrément pour être accueillante familiale et trois mois plus tard, elle accueille une première personne : Claude, qui vit chez elle depuis dix-sept ans maintenant.
Anne-Marie, 73 ans, vit dans un habitat participatif à Mainvilliers, dans l’Eure-et-Loir, depuis 2017.
“Quand j’allais voir ma tante dans sa maison de retraite, je voyais qu'elle n'était pas très bien traitée. Alors je me suis dit que je ne vivrai jamais dans une maison de retraite, je ferai ma propre maison de retraite.” Anne-Marie
“Après le décès de mon mari, je ne supportais pas de rester dans ma maison et j'avais vraiment envie de partir pour faire un habitat participatif. Des amis qui étaient partants en ont parlé autour d’eux et on s’est retrouvé à une vingtaine. Ça a été bien parce qu'on a commencé par dire ce qu'on veut vivre, comment on veut vivre, où on veut vivre.” Anne-Marie
“On se rencontrait un après-midi par semaine pendant trois ans et donc on a commencé la recherche d'un terrain, trouvé un notaire, trouvé un architecte et des financements. Ça a été complexe au moment de la construction, mais comme on se battait pour arriver à quelque chose, ça nous rendait heureux d'avancer.” Anne-Marie
Merci à Luc Anberrée, Nathalie Velay et Anne-Marie Binet.
- Reportage : Judith Chetrit
- Réalisation : Somaya Dabbech
- Mixage : Dali Yaha
A partir du 16 janvier 2023, Karine Le Loët prend les commandes des Pieds sur terre. Sonia Kronlund sera de retour le 27 février 2023.
Musique de fin : Fade to grey de Visage