Médiathèque Georges Brassens

"Lyon est l'une des villes en France et en Europe les plus exposées au réchauffement", explique Grégory Doucet. "La semaine dernière, c'est à Lyon qu'on pouvait relever la température la plus élevée en France. On sait qu'on doit se préparer, transformer nos villes pour les adapter. Sans oublier le maintien des efforts pour atténuer les effets du réchauffement climatique : tous les degrés que nous pourrons éviter sont bons à prendre."

Pour Alexandre Labasse, l'équation pour se prémunir des conséquences du dérèglement climatique n'est pas si complexe : le premier effort doit être pour "adapter l'épiderme urbain, en quelque sorte : les toîts, les façades, le sol, avoir une réflexion solaire plus forte avec des matériaux clairs, par exemple... Protéger tous les ouvrants, avec des stores, des volets..."

"Le deuxième point, c'est de végétaliser les villes", ajoute-t-il. "Le changement de stratégie majeur, c'est de choisir des arbres pour leurs qualités climatiques et plus pour leurs qualités esthétiques. L'idée, c'est d'augmenter la canopée des arbres, la surface couvrante : un platane c'est 100m², si on prend un poirier, l'une des huit espèces les plus présentes à Paris c'est 15m² !"

"Le niveau de conscience augmente, pas l'intensité de l'action"

Côté architecture, il y a aussi des idées à appliquer. "Il faut d'abord peut-être se dire qu'il faudrait moins construire", assène Nicola Delon. "Regarder ce qui est déjà là, ça c'est très important : 95 % du patrimoine bâti, même des 50 prochaines années, est déjà présent. Il va falloir le transformer, le réhabiliter, l'améliorer. Ensuite, si on doit quand même construire, il va falloir choisir les bons matériaux : on a beaucoup utilisé le béton, la brique, qui utilisent beaucoup de ressources, d'énergie, d'émissions de carbone. Il va falloir basculer sur un mix de matériaux biosourcés, comme la terre crue ou le bois."

"Il faut être un peu honnête", complète l'architecte. "Il n'y aura pas de solution miracle, il va y avoir une très grande complexité car les sujets dont on parle sont gigantesques. On préfère parler d'adaptation ou de stratégie." Selon lui, on est très en retard sur l'aspect urbanistique de la lutte contre les conséquences du réchauffement. "Le niveau de conscience augmente, mais l'intensité de l'action n'est pas du tout à la hauteur : il va falloir des rénovations techniques pour 35 millions de bâtiments en France, et l'an dernier on en a rénové 60.000 ! À ce rythme, il faudra presque mille ans."