En 2017, Amandine est jeune comédienne à Paris. Elle rencontre Antoine au bar où elle travaille. Ensemble, ils vivent une histoire d'amour destructrice. Quand elle rentre vivre chez ses parents après s'être séparée d'Antoine, elle trouve un ancien cahier de classe. Elle décide d'en faire son journal.
"Je vois Paris tout entier enserré dans les bras de A."
Quand Amandine quitte Antoine, elle fuit une relation violente. "Un jour, à Bordeaux, on était en weekend dans un Airbnb et il a eu un mouvement assez violent. Il m'a lancé une bouteille d'eau remplie et il l'a jetée sur moi. J'ai réussi à l'esquiver, elle est venue s'écraser sur le mur derrière. On était saouls. J'ai eu une espèce de montée de survie, de me dire 'Il faut absolument que tu sortes de cet endroit maintenant parce que tu es vraiment en danger'."
Amandine passe la nuit à l'hôtel, puis rentre chez ses parents, pour ne pas retourner à Paris. Dans son journal, elle écrit : "Ne pas aller à Paris, il l'occupe tout entièrement. Je vois Paris tout entier enserré dans les bras de A. Il s'enlève un reste de cocaïne de sa narine gauche avec le bout de la tour Eiffel et je n'ai pas le droit de franchir le périphérique."
Chez ses parents, Amandine raconte dans son journal l'histoire de sa relation avec Antoine. Elle retrace leur rencontre, alors qu'elle est en couple avec un autre, Gaëtan. "Gaëtan et moi nous disputons beaucoup, beaucoup trop. C'est son anniversaire. Il vient me chercher au travail. Antoine est là avec deux autres types. Les garçons parlent de leur virée d'hier soir. Nous devons aller au restaurant. J'ai envie de rester là avec les trois autres. Ils me font rire."
"Antoine restera le moteur et la flamme la plus incandescente que j'ai eu l'occasion de croiser dans toute ma chienne de vie"
Amandine s'ennuie avec Gaëtan. Elle rigole davantage au travail. Elle tombe amoureuse d'Antoine. "Antoine posté en haut de l'escalier entre le bar et la cave où transitaient chaque semaine des milliers de degrés d'alcool. Il savait bien que j'étais là, à quelques mètres de lui, que je pouvais voir son corps dépourvu de t-shirt et découvrir pour la toute première fois tous ces dessins encrés sur sa peau. Son corps un peu musclé et encore un peu mince d'où s'envolait timidement mais fièrement une hirondelle sur son épaule."
Amandine décrit Antoine, et sa relation avec lui, pour comprendre ce qu'il s'est passé entre eux. "Frapper contre le mur pour rappeler les maintes fois où mes doigts sont passés sur ce dessin, le chérissant autant, si ce n'est plus que ma propre existence. Parce qu'elle est là, la réalité, sans jamais comprendre ni pourquoi ni comment, Antoine restera j'imagine pour encore une bonne décennie le moteur et la flamme la plus incandescente que j'ai eu l'occasion de croiser dans toute ma chienne de vie."
Au départ, sa relation avec Antoine est en effet merveilleuse. "C'était un bar, il y avait une super ambiance. C'était la Coupe du monde cet été-là, en plus. Il était super, il parlait fort, il faisait des blagues, il était vraiment lumineux. Tout le monde nous disait 'Vous avez une nouvelle lumière tous les deux, vous êtes beaux. Qu'est-ce qui vous arrive ?'."
"Moi, j'aime pas les hommes déconstruits, j'aime les hommes détruits"
Seulement, quand elle écrit dans son cahier, Amandine n'est plus dans le même état qu'au début de sa relation avec Antoine. "J'ai perdu douze kilos, douze kilos de larmes. Pas assez mince, pas assez belle. Si je suis plus mince, je suis plus belle. Si je suis plus belle, il m'aimera plus. S'il m'aime plus, il est heureux. S'il est heureux, il arrête de boire, de s'en foutre plein le pif, alors plus de conflit."
Quand Amandine devient moins heureuse qu'aux premiers temps de leur relation, elle pense que c'est elle qui pose problème. "J'ai commencé à me dire que c'est parce que je n'étais pas assez bien. Moi, je suis la meuf qui a toujours cinq kilos de trop. Au début, quand t'es amoureux, t'as pas faim, donc j'avais pas mal maigri. Quand ça a commencé à partir en vrille, j'étais saoul et mince. J'étais dans une espèce d'alcoolorexie permanente."
Si Amandine se met à boire, elle ne fait que suivre une habitude d'Antoine. "J'ai longtemps eu le syndrome du sauveur. Lui, il avait vraiment une vie pas facile, il avait perdu sa maman, il avait appris qu'il avait des frères et sœurs hyper tard, il avait une histoire cheloue. Il avait ce truc où il buvait beaucoup. Il y a des cerveaux qui ont trop consommé. Il y a des moments où il n'était plus là du tout. Il tenait debout, mais il n'y avait plus personne."
Voyant qu'Antoine va de plus en plus mal, Amandine se met en tête de changer, pour le changer lui...
Merci à Amandine Lourdel et à TS3 production.
- Reportage : Adila Bennedjaï-Zou
- Réalisation : Clémence Gross
Musique de fin : "Good As Hell", Lizzo, 2016.