Angela Merkel est au pouvoir depuis seize ans, sans interruption, elle termine son quatrième mandat à la tête de l’un des pays les plus puissants du monde. Comment la première femme chancelière a-t-elle géré les transformations de l’Allemagne, le formidable essor de son économie, la quatrième du monde, un rôle international assumé avec réticence ? Quels ont été les angles morts, les erreurs, les ambigüités ?
Angela Merkel n’a pas voulu se représenter et le 26 septembre, les Allemands iront aux urnes pour renouveler leur parlement et décider de la couleur de la prochaine coalition. Les tractations peuvent durer plusieurs semaines, Madame Merkel resterait alors en poste pour gérer les affaires courantes. Aucun parti n’est en mesure de remporter la majorité absolue.
L'extraordinaire popularité d'Angela Merkel
En Allemagne, le charisme n’est pas la première qualité requise en politique. Et c’est sans doute ce qui explique l’extraordinaire popularité d’Angela Merkel, même si sa cote a un peu fléchi ces derniers temps, elle qui se caractérise par une retenue, un sérieux, une placidité apparente. Longtemps on l’a sous-estimée, cette fille de pasteur venue de l’Est de l'Allemagne, mais aussi docteure en physique quantique et animal politique à sang froid.
Angela Merkel est donc très adaptée à l'Allemagne, incarnant une autorité sans charisme et représentant la stabilité à travers les crises grâce à une boussole morale solide. Elle sait prendre le temps de convaincre l'opinion, le parlement et rejette par-dessus tout la disruption. Sa formation scientifique lui a appris la lenteur et le perfectionnisme.
Angela Merkel : quel héritage politique ?
Il est dit que héritage politique se résume à un grand vide plein et qu'Angela Merkel ne rentrera pas dans l'histoire pour ses réformes. Elle ne laisse pas une œuvre politique majeure de transformation de son pays mais elle a su naviguer entre des crises successives : crise institutionnelle en Europe, crise des subprimes puis crise monétaire de la zone euro, crise migratoire, l'arrivée de Trump à la présidence des Etats-Unis, jusqu'à la crise sanitaire du coronavirus. Elle a su maîtriser et apporter des solutions à chaque fois.
Si elle n'a peut-être pas laissé d'empreinte spectaculaire sur l’évolution de l’Union Européenne, Merkel a su prendre deux tournants marquants qui ont surpris les voisins européens et brisé des tabous : celui de l'ouverture des frontières aux réfugiés et la mutualisation des dettes européennes.