Des "discussions" sont actuellement en cours avec l'Allemagne, qui a classé la Moselle en zone à risque maximal en raison de la circulation du variant dans le département, a déclaré ce dimanche Clément Beaune, secrétaire d'État aux affaires européennes. Cette mesure, qui s'applique depuis deux semaines au Tyrol autrichien et à la République tchèque, pourrait entraîner la fermeture de la frontière pour les 16 000 travailleurs français qui se rendent chaque jour en Allemagne s'ils ne présentent pas un test PCR négatif de moins de 24 heures.
"Je regrette cette décision allemande", souligne Clément Beaune_. "Nous essayons d'atténuer ces mesures le plus possible"._ Les négociations portent notamment sur le recours à des tests antigéniques plutôt que PCR, et une fréquence de tests portée à "deux ou trois jours".
"Je crois qu'il y a la volonté d'avoir un esprit franco-allemand coopératif", souligne le secrétaire d'État. "Ma priorité est de défendre les intérêts des travailleurs de Moselle et du Grand Est".
Sur la vaccination
"La Grande-Bretagne a objectivement une campagne de vaccination plus rapide", reconnaît Clément Beaune. "C'est un fait, ils ont eu moins de prudence dans les choix sanitaires faits pour cette vaccination". Il cite notamment les deux injections du vaccin, que les britanniques ont fait le choix d'espacer de douze semaines, au-delà des préconisations des fabricants. En France, la Haute Autorité de Santé a recommandé de ne pas procéder de la sorte, rappelle le membre du gouvernement.
Où l'UE a-t-elle pêché, sur la question des vaccins ? "J'ai un regret, que l'Europe n'ait pas investi assez et assez tôt dans des solutions innovantes. Nous avons une culture du risque et de l'innovation moins grande qu'aux États-Unis, probablement qu'en Israël, probablement qu'au Royaume-Uni."
Clément Beaune note néanmoins que le consensus social varie d'un pays à l'autre. "Personne en décembre n'aurait accepté en France que, sur le vaccin Pfizer, on ait des procédures d'urgence".
Le secrétaire d'État préfère l'idée d'un pass sanitaire à celle d'un passeport vaccinal. "Aujourd'hui, la question qui se pose, c’est : est-ce-que les vaccinés ont le droit de reprendre plus d’activités ? Je ne crois pas, tout le monde n’a pas encore accès au vaccin, ce serait profondément injuste (...). La vaccination ne peut pas être le sésame unique de la réouverture des activités sinon on créé une société à deux vitesses".
Il évoque toutefois la possibilité d'une application avec laquelle chacun pourrait justifier de sa vaccination ou bien d'un test PCR ou antigénique négatif.
Sur la République en Marche
Clément Beaune réfute l'idée de l'apparition, au sein de la macronie, d'un bloc de gauche et d'un bloc de droite. "Moi je suis d'une tradition social-démocrate et de gauche, européenne, ça ne m'empêche pas d'être à l'aise avec des gens qui n'ont pas la même histoire et qui suivent la ligne du Président."
Qu'est-ce que le macronisme, comment le définir ? "Pour moi, c’est un progressisme réformiste sur le plan économique, l’attachement à la République sur le plan de l’école de la laïcité, de nos valeurs, et l’engagement européen du pays". "
Sur le Rassemblement national
"Pour moi, c'est clair, c'est l'extrême droite l'ennemi", lance Clément Beaune.
"Le Rassemblement national n'est pas un parti ordinaire. Ils sont dangereux, pas brutalité et par opportunisme. Je ne pense pas que ce soit un parti républicain. Il faut le combattre politiquement".
Il évoque la présidentielle de 2002 et le choc suscité par l'arrivée de Jean-Marie Le Pen au second tour. Pour 2022, il "ne souhaite pas avoir l'extrême droite au deuxième tour. Ce n'est pas une fatalité. Ce n'est ni normal, ni inévitable, ni sans risque".
Sur la Convention citoyenne sur le climat
Les 150 citoyens de la Convention citoyenne sur le climat ont jugé "insuffisante" la manière dont le gouvernement a repris leurs propositions. "Il y a toujours cette idée que, quand on ne fait pas 100% de ce qui est sur la table, on fait mal", regrette Clément Beaune. "Il y a eu un exercice démocratique, on a pris un risque."