Le Château-Pèlerin, ultime forteresse croisée
Cette vaste nécropole se situe à proximité du Château-Pèlerin. Construit entre 1217 et 1218, afin de protéger les voies terrestres littorales contre les ayyoubides, il sera confié à l’ordre du Temple. Sa situation, sur la route entre Acre et Jaffa, pour aller à Jérusalem lui donne une importance stratégique capitale. Après 1265, le château a la tutelle d’au moins 16 villages. Ce château, ayant résisté à plusieurs attaques, s’avère être une des toutes dernières implantations du royaume latin de Jérusalem puisqu’elle est évacuée, après la chute d’Acre en Mai 1291, le 14 Août 1291.
A propos du château
Yves Gleize **"On est à 15 kilomètres au sud de Haifa, en bord de mer, juste à côté de la plaine littorale, à côté du mont Carmel, et le château se trouve précisément sur une péninsule bordée par deux baies, une au nord et une au sud, construit entre 1217 et 1218. Il se situe sur la route des pèlerins, entre Saint-Jean-d'Acre et Jérusalem, et servait, entre autres, à protéger la route littorale." **
Yves Gleize "Au début du 13è siècle, les possessions latines sont vraiment réduites à la frange littorale et il est nécessaire de la protéger, d'autant que la cinquième croisade est en train de démarrer et que les croisés veulent prendre une partie de l'Égypte. Donc, pour ne pas être pris à revers, il est nécessaire de consolider les fortifications littorales ainsi que le passage des pèlerins et des commerçants."
Yves Gleize "On a vraiment une contemporanéité entre l'utilisation du château, du bourg et du cimetière. On a un ensemble vraiment très important pour l'archéologie de l'Orient latin. Dans le bourg, on trouve des bains, une église paroissiale et des écuries, par exemple."
La nécropole
Depuis sa découverte en 1934, cet espace funéraire n’a jamais fait l’objet d’une étude archéologique approfondie. Parallèlement, dans le contexte de l’Orient latin, les données funéraires connues restent souvent limitées à des découvertes anciennes ou ponctuelles de sépultures (Césarée, Acre, Vadum Jacob, Sidon…).
A propos du cimetière
Yves Gleize "Au Proche-Orient, on a un certain nombre de sites funéraires datant de cette période qui sont connus, mais souvent, ce sont des petits espaces qui ont été fouillés, rapidement, et on a donc une vision d'une toute petite partie de l'espace funéraire, alors qu'à Atlit, là, on peut travailler sur quelque chose de plus vaste, d'exceptionnel, à la fois sur du spatial et sur de la chronologie relative, à l'intérieur de l'espace funéraire."
Yves Gleize "L'intérêt d'Atlit, après l'abandon du site à la fin du 13e siècle du cimetière, c'est qu'il n'y a eu aucune construction, ni aucun bâtiment par-dessus, et le site a simplement été recouvert par du sable."
Yves Gleize "Quand on voit le plan du site d'Atlit, il y a quelque chose qui peut étonner, c'est qu'il n'y a pas d'église ni de chapelle dans le cimetière. [...] L'église existe, mais elle est dans la ville, et la chapelle, elle, est dans le château."
Yves Gleize "Avec les tempêtes hivernales et la montée des eaux, depuis 1934, il y a environ 10% du cimetière qui a déjà disparu. Régulièrement, j'essaye d'alerter la population et les différentes autorités pour tenter de préserver ce site qui, dans les prochaines décennies, sera sûrement condamné à disparaître."
Vu sa taille, le cimetière d’Atlit n’a pas uniquement accueilli les défunts du château et de son bourg. La majorité des tombes fouillées correspond à des fosses fermées par des couvertures en bois, dans lesquelles le corps est directement déposé, et plus rarement, des coffrages en pierre, en bois et des cercueils en bois. Le mobilier en place se limite à une ferrure de bâton de pèlerin et quelques éléments de parure (croix en nacre, épingle en alliage cuivreux, boutons). Des céramiques du XIIIe siècle se retrouvent brisées et incomplètes dans le comblement de plusieurs tombes.
Hommes, femmes, enfants, mais aussi templiers ?
Il regroupe à la fois des défunts immatures et des adultes des deux sexes. Sont aussi présents des témoignages de décès liés à des combats. Dans le contexte du Château Pèlerin, l’hypothèse d’une zone en partie réservée à des moines soldats, de templiers, semble probable.
Cette mission française du MEAE (Ministère de l'Europe et des Affaires Étrangères), soutenue par l’Israel Antiquities Authority et le Centre de Recherche Français à Jérusalem, vient de recevoirle Prix Clio, récompensant l’archéologie française à l’étranger.
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