Médiathèque Georges Brassens

Hiver 1957, le cinéaste et comédien Charlie Chaplin est à Paris. Il y présente son dernier film : Un Roi à New-York. A cette époque, Chaplin vit en Europe depuis déjà cinq ans. Dans ce film, il règle ses comptes avec les États-Unis. Derrière le masque du roi en exil, il pointe les travers et les dérives de la société américaine moderne et dénonce l'atteinte fondamentale à la liberté et la démocratie qu'est alors la chasse aux sorcières dont il a été lui-même victime. Le film sera d'ailleurs interdit aux États-Unis pendant quinze ans.

Derrière le masque du roi en exil, Chaplin pointe les dérives de la société américaine

En novembre 1947, l'association (la MPAA) qui représente les intérêts des plus grands studios hollywoodiens, avait annoncé qu’elle n’emploierait plus de communistes. C’est la naissance d'une liste noire d'artistes, pas forcément des communistes, que les studios décident de ne plus employer. Bertolt Brecht, Charlie Chaplin et Orson Welles sont concernés. Ils doivent quitter les États-Unis. Cette liste noire va exister jusque dans les années 1960.

Charlie Chaplin répond aux questions des journalistes : "J'ai fait ce film car j'y ai trouvé une bonne occasion de provoquer le rire contre les temps modernes en générale, dont l'Amérique est une illustration. Un certain mode de vie américain provoque un certain type d'humour."

Sur son choix de pointer les Etats-Unis : "C'est une critique, mais je pense que beaucoup d'Américains sont d'accord avec moi." Charlie Chaplin explique qu'il est important de traiter de sujets difficiles qui peuvent donner lieu à controverse. Cependant il ne souhaite pas être un donneur de leçons.

Il affirme qu'il n'y a pas de message dans ce film mais qu'il défend cette idée : "les valeurs spirituelles sont ce qui importe pour la vie des hommes. Une nation composée majoritairement de mouchards, comme les Etats-Unis, risque de se perdre." Il explique comment il a choisi son fils Michael pour jouer l'un des rôles principaux du film, celui du jeune garçon dont les parents communistes sont victimes du maccarthysme.

A propos de sa vie en Europe : "Je me sens chez moi dans presque tous les pays. Ce que j'aime en France c'est que les Français aiment les choses importantes de la vie : la bonne nourriture, le bon vin, l'amour, prendre du bon temps."

Enfin, sur la possibilité qu'il reprenne un jour le personnage de Charlot dans un film : "Le personnage de Charlot était jeune et agile malgré ses souliers. Un Charlot vieux cela ne me plait pas."

Retrouvez l'ensemble de "Quand Chaplin devient Charlot", un programme d'archives proposé par Albane Penaranda.

• Par SORAFOM
• Charlie Chaplin : Conférence de presse -Un roi à New-York (1ère diffusion : 01/10/1957)
• Avec Charlie Chaplin
• Edition web : Documentation de Radio France
• Archive INA-Radio France