Médiathèque Georges Brassens

Avec Philosophie consacre cette série d'émissions au philosophe Érasme. Dans ce premier épisode, Géraldine Muhlmann et ses invités se penchent sur l'humanisme d'Érasme.

Un humanisme qui se révèle dans ses voyages

L’humanisme d’Érasme a été nourri par ses nombreux voyages. “Né dans l'actuelle Hollande, il est docteur en théologie de l'université de Turin, il a été élève à Paris, il a enseigné à Paris, il a enseigné un peu à Cambridge”, observe Michel Magnien. Érasme illustre donc parfaitement “l’internationalisation des savoirs.”

Ces voyages sont ponctués de rencontres importantes.  Il rencontre par exemple John Colet, qui “est le doyen de l'école Saint-Paul et veut en renouveler complètement l'enseignement”, explique Christine Bénévent. Ce dernier “demande à Érasme d'y enseigner, mais Érasme se dérobe.” Thomas More est également une figure centrale. Pour Christine Bénévent, “c'est un coup de foudre amical, une amitié très profonde, ils vont traduire ensemble beaucoup de textes grecs.”

Un humanisme fondé sur l'importance du savoir

Marqué par l’école des frères de la Vie Commune des Pays-Bas, Érasme plaide pour un retour aux textes, contre une scolastique présente dans le christianisme qui éloignerait de la vérité des écritures. On retrouve chez lui en effet l’idée, que l’on retrouve chez les humanistes, selon laquelle “une étude scrupuleuse du texte, peut finalement faire éclore une vérité”, explique Michel Magnien. Ainsi, Érasme propose une traduction du Nouveau Testament, traduit en latin à partir de l'original grec.

Son humanisme se retrouve également dans son sens de la pédagogie. On retrouve cette idée dans les Adages, grâce auxquels il redonne accès à la culture grecque antique à ses contemporains. Comme Christine Bénévent le note, “c'est un texte qui a une très très longue histoire, mais au départ, il s'agit simplement de réunir des expressions ou des sentences qui circulent beaucoup, qui viennent effectivement de l'Antiquité”. C’est par la suite, en 1508, que “Érasme va en déployer toutes les virtualités, en livrant des commentaires beaucoup plus longs, très érudits, et qui sont en même temps l'occasion de commenter l'actualité, de réfléchir et de propager la sagesse antique.”

Pour en parler

Michel Magnien, professeur émérite de littérature française de la Renaissance à la Sorbonne-Nouvelle. Il a participé à l'édition des Essais de Montaigne dans la Pléiade, et a travaillé sur la réception d'Érasme en France.

Christine Benevent, historienne du livre, elle a consacré sa thèse à la correspondance d'Érasme. Elle est l'autrice de :

• Miroirs d’encre, édition de l'EHESS, 2022.
• À paraître : Abécédaire insolite du livre ancien, École des Chartes, décembre 2023.

Références sonores

• Extrait de L'auberge espagnole, réalisé par Cédric Klapisch, 2002.
• Lecture par Carla Michel d'un extrait d'Érasme, Antibarbarorum liber, traduction par Jacques Chomarat (1520).
• Archive de l'ORTF, Lucien Febvre, Université radiophonique internationale. Les universités et l'Europe, juin 1955.
• Lecture par Anna Pheulpin d'un extrait de Stefan Zweig, Érasme. Grandeur et décadence d'une idée (1934).
• Chanson en fin d'émission : Renaissance, Par Jean-Luc Ponty (1976).
• Titre du générique : Sabali d'Amadou et Mariam (2008).

Le Pourquoi du comment, la chronique de Frédéric Worms

Retrouvez sa chronique ici.