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La rétrocession de Hong Kong à la Chine : des négociations bilatérales "très dures"

Jean-Marc Four
Diffusé le mardi, 04 juillet 2023 (59 min)


Le 1er juillet 1997, Hong Kong a été rétrocédée à la Chine, suite aux accords du 19 décembre 1984. Le dernier gouverneur de l'ancienne colonie britannique, Chris Patten, et le diplomate chinois Wu Hongbo, ex-ambassadeur auprès du groupe de liaison sur Hong Kong, racontent.


Chris Patten Dernier gouverneur britannique de Hong Kong
Hongbo Wu Diplomate chinois



   
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5 accords qui ont changé le monde

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  • C’était il y a quasiment vingt-six ans, jour pour jour. Le 1er juillet 1997 à minuit, Hong Kong, rétrocédée à la Chine continentale, cessait d’être un territoire britannique, suite à un accord bilatéral conclu treize ans plus tôt, en 1984. Pour nous emmener dans les coulisses de cet accord, Jean-Marc Four est allé à la rencontre de Chris Patten, le dernier gouverneur britannique de Hong Kong. Et il a joint, à Pékin, le diplomate chinois Wu Hongbo, ancien conseiller au sein du groupe de liaison diplomatique entre la Chine et le Royaume-Uni.

    Lord Patten raconte "la douleur" de quitter Hong Kong

    L'accord de rétrocession prévoit que pendant cinquante ans, à compter de 1997, Hong Kong est supposé conserver son mode de vie et son système économique, bien que faisant partie de la Chine. Il s’agit de l’application du principe proposé en 1984 par le leader chinois Deng Xiao Ping : "un pays, deux systèmes". "C'était un bon accord, mais il n’a pas été respecté", juge aujourd'hui Lord Patten.

    Le dernier gouverneur de l’ex-colonie britannique se souvient de cette nuit clé du 30 juin au 1er juillet 1997. Quitter Hong Kong a été "douloureux" pour lui. D’abord à cause de la portée politique de l’événement. "Nous avons tous des moments où notre identité nationale nous submerge émotionnellement", estime-t-il. Mais pas seulement : "Ma femme quittait une ville dans laquelle nous aimions vivre et où nous avions beaucoup d'amis formidables", raconte Lord Patten. "J'avais probablement la meilleure équipe de fonctionnaires que j'aie jamais eu, des Chinois pour la plupart, j'ai eu du mal à les quitter".

    Chris Patten raconte que tout était difficile pour des raisons "morales" aussi. Il avait rendu visite à un hôpital psychiatrique, juste avant de quitter Hong Kong. Il n’oubliera jamais ce patient chinois qui lui a crié au visage : "Pouvez-vous me dire comment ça se fait que la Grande-Bretagne, l’une des plus anciennes démocraties du monde, cède Hong Kong à la plus ancienne, à la plus grande tyrannie du monde sans avoir jamais demandé aux habitants de Hong Kong ce qu'ils voulaient ?". Lord Patten raconte avoir dit alors à son secrétaire particulier que "l'homme le plus censée de Hong Kong se trouve dans un hôpital psychiatrique".

    La joie d'un diplomate chinois

    Le son de cloche est différent du côté chinois. Le diplomate Wu Hongbo raconte que la fierté et la joie qu’il a ressenties alors "ne peuvent pas être expliquées avec des mots. Cela ne peut pas être complètement compris par des nations qui n'ont pas été colonisées au cours de leur histoire". Wu Hongbo rappelle que "vu de Chine, ces traités du XIXe siècle, qui attribuaient Hong Kong au Royaume-Uni, étaient injustes. Le peuple chinois ne les a jamais acceptés".

    Les négociations ont été âpres et très dures. Même concernant le protocole, Lord Patten se souvient d'interminables discussions, de "jours et de jours de négociations" pour savoir qui devait arriver le premier lors de la cérémonie, le président chinois ou le prince de Galles. "Nous avons trouvé un compromis, ils sont arrivés en même temps", raconte Chris Patten.

    L’accord scellé le 19 décembre 1984 est le fruit de plus de deux ans de négociations intenses entre les gouvernements britannique et chinois. À l'époque jeune diplomate, Wu Hongbo se souvient du coup d’envoi de ces discussions à Bangkok, en 1982 : "J'étais en observation auprès d'un groupe de diplomates confirmés pour apprendre le métier. J'avais de l’instinct sur la façon de gérer les diplomates britanniques". Quelles étaient les relations entre les diplomates britanniques et chinois ? À force de travailler ensemble, finit-on par se connaître ? Est-ce que négocier devient plus simple parce que les diplomates ont des relations personnelles ?

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