Podcast

À l'école de la rigueur et de l'hypersensibilité (Episode 1 sur 5)

Catherine Geel
Diffusé le lundi, 18 février 2013 (27 min)


Andrée Putman évoque ses années de jeunesse, entièrement vouées à la musique et placées sous le signe de l’austérité d’une éducation bourgeoise et de la frivolité maternelle, ainsi que l'influence qu'auront sur sa démarche les lieux opulents et harmonieux associés à son enfance.


Andrée Putman Architecte d'intérieur et designer française



   
Provient de l'émission
À voix nue

Au programme
  • C’est dans le 6e arrondissement, dans le milieu de la grande bourgeoisie du début du XXe siècle que grandit Andrée Putman. Une enfance qu’elle décrit comme "surexposée à l’art et à la sensibilité", dominée par "l’obligation de se conduire bien. Quand je rentrais de l'école, j’avais le sentiment de déranger [mes parents]. Nous habitions chez des amoureux, ma sœur et moi", se souvient-elle.

    Un père normalien, polyglotte, dont la "culture et la curiosité étaient étroitement liées à une neurasthénie permanente. Un être qui a été bouleversé par […] le goût du pouvoir faramineux de son père, les accumulations d’honneurs, qui l’ont prédisposé à une sorte de blâme silencieux sur ce train de vie, sur cette accumulation de biens… Il y avait comme un vœu de pauvreté, au fond chez [lui]". Aux côtés de cette figure paternelle silencieuse, Andrée Putman décrit une mère excentrique, "fantasque", "qui se consolait facilement dans la frivolité" ; une pianiste "qui portait ce don prodigieux qu’elle avait pour la musique comme un objet encombrant qui la paralysait […], car elle était une artiste immense, mais sans scène."

    A l'école de la musique

    Faute de connaître un destin de concertiste professionnel, cette mère projettera sur ces filles ses ambitions déçues dans l’espoir de faire d’elles "ces personnages qu’elle n’a pas été". "La place de la musique, souligne Andrée Putman, a été écrasante ; elle a été dominatrice de la vie. On a aimé ça, bien sûr [ma sœur et moi]. Mais c'était pour elle, c’était un hommage permanent à cet être très blessée". Souscrivant aux injonctions maternelles, la future « grande dame du design » s’inscrit au Conservatoire en classe de composition et s’y distingue, en recevant à 19 ans le Premier Prix d’Harmonie. Mais la mise en garde de Francis Poulenc lors de la réception de ce prix, qui lui fait remarquer qu’"on ne peut pas préjuger d'une carrière de compositeur. Il faut dix ans d'études", esquisse un tournant pour elle : " j'avais 20 ans et je me voyais carmélite […], j'avais eu ma dose d'expériences quasiment religieuses…"

    Cette enfance corsetée trouve néanmoins un contrepoint plus solaire dans les étés passés à l'abbaye cistercienne de Fontenay qui appartenait à son grand-père : "mes premières perceptions esthétiques, sont liées à cette abbaye : la géométrie, […] toute l'incroyable richesse des couleurs qui s’appellent des non-couleurs et leur diversité. Tout ça est né là. J'étais stupéfaite d’y vivre ". Happée par le vide de ce lieu et sa beauté épurée, la vivacité des impressions qu'il laissera en elle s’avèrera matriciel pour son œuvre à venir de designer et d’architecte d'intérieur…

Illustration
A voix nue
Copyright
  • Radio France
Collection
Andrée Putman, l'élégance dissidente

Consulter en ligne

Suggestions

Du même auteur

Podcast

Entre art, commerce et littérature, une insatiable curiosité

À voix nue (Episode 5 sur 5)

Catherine Geel
Diffusé le vendredi, 22 février 2013  (Durée 27 min)

Mue par son rêve du "beau pour tous", Andrée Putman, se sera employée tout au long de sa carrière à faire dialoguer l'art avec le monde de mode, de la décoration ou du design. Et avec le sens de la fo...

Podcast

Des lieux et des rencontres : du CAPC au loft comme habitat

À voix nue (Episode 3 sur 5)

Catherine Geel
Diffusé le mercredi, 20 février 2013  (Durée 27 min)

A travers les collections d’objets qu’elle a dessinées et les intérieurs qu’elle a habillés Andrée Putman évoque le style de son design, à la fois iconique des années 80 et atemporel, et revient sur l...

Podcast

De Monoprix à Eileen Gray

À voix nue (Episode 2 sur 5)

Catherine Geel
Diffusé le mardi, 19 février 2013  (Durée 27 min)

Andrée Putman fait le récit de son introduction dans le milieu du stylisme à partir de sa collaboration avec Prisunic, une expérience qui conforte sa volonté de rendre la beauté accessible au plus gra...

Chargement des enrichissements...