L’Esprit Public de retour ce dimanche, les temps forts de la semaine politique et géopolitique en compagnie de nos visiteurs du dimanche : la sociologue Dominique Schnapper, l’économiste Daniel Cohen, le professeur de relations internationales Bertrand Badie et le journaliste et essayiste Brice Couturier.
Première partie : France : une crise d’avenir ou de gouvernance ?
La mobilisation contre le projet de réforme des retraites est-elle le signe que la France connaît une « crise de l’avenir » ? demandait cette semaine le journal Le Monde à la Philosophe Myriam Revault d’Allonnes. Sa réponse : la croyance en un progrès généralisé de l’espèce humaine s’est en effet effondrée. Déclenchant les discours peu enthousiasmants, de l’expertise et de la gestion des ressources qui s’épuisent et des caisses qui se vident, la philosophe dénonçant par ailleurs la gouvernance « managériale » du macronisme, dénuée d’empathie.
Gestion pragmatique de la pénurie, et de la dette, avec, vendredi matin cette alerte sur nos smartphones, nous informant que la dette publique française avait atteint plus de 100% du PIB en septembre. Pas d’alternative écrivait aussi en substance cette semaine l’éditorialiste du Point Franz Olivier Giesbert, rappelant cette espérance de vie qui ne cesse d’augmenter (ce qui devrait d’ailleurs nous réjouir), et ces Français qui ne partent en moyenne à la retraite qu’à 60,8 ans alors que la moyenne dans les pays de l’ocde est à 65,4 ans. Giesbert s’agaçant je cite que l’immobilisme demeure le premier parti de France, la droite comme la gauche ayant fait leur la phrase fameuse d’Henri Queuille, pape du radical socialisme : « il n’est de problème qu’une absence de solution ne puisse régler ».
La France, ses réformes, ses retraites et les erreurs de gouvernance abondamment relevées ces derniers jours : entre un président qui tient surtout à la fin des régimes spéciaux et l’instauration d’un régime universel à points et un premier ministre qui ne veut pas renoncer à cet age pivot qui irrite tant la CFDT, premier syndicat de France. Erreurs de gouvernance encore disent ceux qui dénoncent ce flou entretenu de longues semaines, au nom du dialogue social pour le gouvernement. D’un amateurisme pour d’autres, d’un cynisme pour certains commentateurs. Sans oublier les ravages dans l’opinion produits par l’affaire Delevoye. Bref la France, entre crise d’avenir et crise de gouvernance, ne semble plus beaucoup croire au Père Noël….
Deuxième partie : USA : Un monde sans Trump est-il possible ?
Pour commencer petit rappel des épisodes précédents : les démocrates accusent Donald Trump d'avoir fait pression sur son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky afin que celui ci lance une enquête sur Joe Biden, Biden qui pourrait être le concurrent démocrate de Trump aux élections de l’automne prochain. Donald Trump aurait demandé au président ukrainien d'enquêter sur une rumeur concernant Joe Biden, à savoir qu’en 2015, celui qui était alors vice-président de Barack Obama aurait fait pression sur l'Ukraine pour qu'elle limoge un procureur, que la Maison Blanche jugeait trop complaisante dans les affaires de corruption. Sauf que le clan Trump affirme que Biden aurait demandé la tête du magistrat ukrainien pour protéger son fils, Hunter, qui siégeait alors au conseil de surveillance d’un groupe gazier ukrainien. Donald Trump accuse les démocrates de répandre "une intox", de mener "la plus grande chasse aux sorcières de l'histoire américaine" et de perpétrer un "coup d'Etat". Selon lui, Joe Biden est "corrompu", tout comme les médias qui couvrent l'affaire. Voilà pour le contexte de ces derniers mois..
A présent l’actualité de cette semaine : la Chambre des représentants a officiellement voté pour mettre en accusation le locataire de la Maison-Blanche. Le procès du président américain devrait se dérouler au Sénat début 2020, où il est certain d’échapper à une destitution grâce à la majorité républicaine qui fait bloc autour de lui. En meeting dans le Michigan, le président américain a accusé les démocrates de vouloir « annuler le vote de 63 millions d’Américains ». Selon lui, l’opposition « en paiera le prix » lors de l’élection du 4 novembre 2020 :
Le 4 novembre 2020 : cette date que nous devrions tous, sans doute considérer comme un moment de bascule de NOTRE histoire : parce qu’on aura alors la réponse aux questions suivantes : 4 ou 8 années de Trump président des Etats Unis ? 4 ou 8 années de diplomatie du tweet ? 4 ou 8 années d’une politique inconséquente ? 4 ou 8 années de non respect des engagements, traités, organismes internationaux définissant ce qui fait le multilatéralisme ? 4 novembre 2020 : un autre monde, sans Trump, est-il possible ?