Podcast

La fausse solution de la violence (Episode 25 sur 40)

Cynthia Fleury
Diffusé le vendredi, 05 août 2022 (4 min)


Penseur du courage, de la Résistance, Jankélévitch reste pourtant hermétique à la violence et à la destruction. Il lui préfère le sérieux, qui a l'avantage de se projeter dans l'avenir.


   
Provient de l'émission
Un été avec

Au programme
  • Toute violence est d'abord un viol

    Durant sa vie et dans son oeuvre, Jankélévitch aura toujours été un adversaire farouche à la violence. Pour lui, elle s'assimile au pouvoir seul de destruction. Elle n'est qu'une force de pénétration brutale non consentie, comme un viol.

    Pourtant, elle essaye de faire croire qu'elle va quelque part, qu'elle sert à quelque chose. Mais en réalité la violence ne sera jamais assimilée à la force. La première fracasse les formes tandis que la deuxième est canalisée. La violence est par excellence la « fausse solution », et ne fait que renforcer la confusion qu’elle croyait faire disparaître. Elle qui se présente comme cathartique, comme pure est, en réalité, tout le contraire.

    Ceux qui défendent la violence se présentent souvent comme plus pragmatiques que d’autres. Mais en fait, ils se mentent à eux-mêmes, ils croient que la violence est une puissance magique, qui fait tabula rasa, et qui permet de voir surgir le nouveau, le fécond.

    Mais pour cela il faudrait un projet à la violence, une orientation, le sens de la limite, et dès lors perdre son caractère de violence pure.

    Le sérieux

    Défendre le sérieux empêche de défendre la violence parce que le sérieux ne peut renoncer à penser la suite, après la violence. Le sérieux est toujours séance tenante, ici et maintenant, mais il construit l’action à l’aune du futur. Il est entièrement tourné vers le futur, et dès lors, il sait bien que la violence est sans fécondité.

    La violence est à proprement parler une révolution, au sens littéral du terme et non au sens symbolique. C’est donc une forfaiture, une tromperie. Elle se vend comme ordre inédit de la justice, mais elle n’instaure aucun ordre supposé plus juste, elle met simplement le bas en haut, intervertit les valeurs, et organise en somme une fausse révolution.

    La lucidité de la morale de Jankélévitch se pose donc du côté du refus de la fascination pour la violence car il sait bien que « la violence s'oppose si peu à la faiblesse que la faiblesse n'a souvent pas d'autre symptôme que la violence ; faible et brutale, et brutale parce que faible. »

Illustration
Un été avec, le feuilleton littéraire de France Inter
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  • Radio France
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Un été avec Jankélévitch

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