Médiathèque Georges Brassens

En révélant les structures de notre histoire mondiale, la tuberculose en dit au passage beaucoup sur les mutations profondes des sociétés européennes au XIXe siècle, en particulier celle de l’industrialisation. C’est dans ces conditions que se diffuse ce qu’on a appellé la “peste blanche" tant elle a fauché de vies, et d’élans romantiques.

La “peste blanche”

Le terme de “peste blanche” est choisi par opposition à la peste noire qui a, elle aussi, avait eu lieu en Europe. La peste noire désignait la peste affreuse, la terreur... La perception que l’on avait de la tuberculose était très différente - même si celle-ci a beaucoup tué, parfois plus que la peste noire, pendant la première moitié du XIXe siècle, causant jusqu’à 20% voire 30% des décès dans les grandes villes d’Europe.

Par ailleurs, la tuberculose est aussi nommée “peste blanche” en raison des effets qu’elle entraîne sur l'aspect des malades. Cette appellation permet de traduire leur apparence : enfermés, perdant du sang, ils sont émaciés, pâles, tandis que la fièvre leur donne un regard brillant.

Une maladie sublimée par les artistes

Au XIXe siècle, la pâleur devient un canon de beauté. La tuberculose est donc considérée comme une maladie qui embellit. Le maquillage à l'époque a vocation à rendre les personnes plus pâles et la tuberculose rend justement ses malades pâles. Artistes et créateurs eux aussi magnifient la tuberculose. Elle est perçue comme étant génératrice de génie. Du compositeur Frédéric Chopin au poète britannique John Keats, les artistes sont valorisés pour leurs œuvres produites pendant la période de maladie. Leur génie est attribué à la tuberculose.

Même au début du XXe siècle, dans les publications médicales, des médecins défendent l’idée que contracter la tuberculose procure du génie, même si elle entraîne une mort prématurée. Certains pensent vraiment que la tuberculose donne lieu à de magnifiques œuvres littéraires ou artistiques. Une partie du discours médical conforte donc cette sublimation.

L'émergence du prolétariat : un facteur favorable à la maladie

A l'opposé, il y a aussi la tuberculose qui touche les plus vulnérables, les plus pauvres... Elle commence au XVIIIe siècle. De l’Angleterre en passant par la France, l’Allemagne mais aussi les Etats-Unis, la création des grandes villes favorise l’expansion de cette maladie.

Les industriels ont pour objectif de faire travailler à moindre coût. Les travailleurs qui arrivent en ville se retrouvent dans des dortoirs ou des lieux de vie insalubres. Cette main d'oeuvre ouvrière, trop démunie pour se nourrir correctement, est aussi plus vulnérable face à la maladie. Plusieurs facteurs encouragent l’émergence de la tuberculose : le travail harassant, la malnutrition, le manque d'hygiène, la promiscuité... La tuberculose devient donc une maladie sociale, liée à la naissance d’un prolétariat dans les grandes villes. Et plus la ville est grande, plus la maladie se développe.

Archives sonores de l’épisode

• “Elle et eux”, émission spéciale choix de lettres inédites de Georges SAND - RDF / RTF / Autres (1949-1963), 16/05/1954.
• ”La Dame aux camélias”, diffusion France Culture, 31/12/1995.

Producteur : Renaud Piarroux

Réalisation : Louise André

Conseillère aux programmes : Camille Renard

Chargée de programmes : Elodie Piel

A la technique : Tahar Boukhlifa et Grégory Wallon

Archives INA : Emmanuelle Luccioni

Merci aussi à Martine Piarroux