On se souvient du fameux discours de Dakar prononcé par Nicolas Sarkozy en juillet 2007 à l'université Cheikh-Anta-Diop de Dakar. Un discours rédigé son conseiller Henri Guaino, dans lequel il déclarait que la colonisation avait été une faute. mais tout en soulignant que le « drame de l’Afrique » viendrait du fait que « l'homme africain n'est pas assez entré dans l'Histoire. […] Le problème de l'Afrique, c'est qu'elle vit trop le présent dans la nostalgie du paradis perdu de l'enfance. […] Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n'y a de place ni pour l'aventure humaine ni pour l'idée de progrès ».
On s’en souvient aussi, le discours de l’ancien chef de l’état avait fait l’objet de nombreuses critiques. Parmi elles, celle émanant du rapporteur spécial des Nations Unies chargé des questions afférentes au racisme et à la xénophobie, Doudou Diène, juriste sénégalais qui avait déclaré: « dire que les Africains ne sont pas entrés dans l'Histoire est un stéréotype fondateur des discours racistes des 17ème, 18ème et 19ème siècle ».Force est de constater qu’ils se poursuivent au 21ème siècle. François Hollande était-il parvenu à laver cet affront ? Avait-il réussi à échapper à l’attitude infantilisante, paternaliste, moralisante, empreinte de préjugés racistes ; dont avait fait montre son prédécesseur ? Et au-delà de nos responsables politiques : est-ce qu’on peut dire que, aujourd’hui, les sociétés - françaises, européennes -, sont parvenues à s’extirper d’une certaine vision orientaliste de l’Afrique ? Sommes-nous parvenus à réellement nous projeter dans un contexte de postcolonialité en Afrique ? Que nous disent nos représentations actuelles en la matière ? Et que proposent les sociétés africaines elles-mêmes ? Quelles sont les constructions modernes de la blackness en Afrique ? Comment s’illustre-t-elle sur le continent noir ? Comment permet-elle de construire une nouvelle africanité ? et comment cette nouvelle construction de l’identité africaine influence-t-elle nos perceptions?
Cette fameuse attitude « infantilisante », on en trouve encore des traces bien sûr. Par exemple dans le traitement réservé aux questions de santé publique. Les campagnes de lutte contre le SIDA et Ebola en sont un témoignage éloquent, nous en parlerons avec l’historien de la médecine Guillaume Lachenal. Puis nous retrouverons Joseph Tonda, sociologue, professeur à l’Université de Libreville (Gabon) avec qui nous évoquerons « l’impérialisme postcolonial » et ce qu’il nomme dès le sous-titre de son ouvrage la « la société des éblouissements ». Nous reviendrons avec lui sur sa thèse autour de l’inconscient colonial, du capitalisme, de la puissance des images. Mais pour l’heure, c’est Thomas Fouquet que nous retrouvons en studio.
Une émission préparée par Xavier Martinet