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Tobey or not to be ?

Marie Sorbier
Diffusé le mardi, 22 décembre 2020 (10 min)


A l'occasion d'une exposition dédiée au peintre Mark Tobey à la galerie Jeanne Bucher Jaeger, jusqu'au 12 février à Paris et en visite virtuelle, le poète et essayiste Stéphane Lambert revient sur l'oeuvre méconnue du peintre abstrait américain au micro de Marie Sorbier.


Stéphane Lambert Écrivain



   
Provient de l'émission
Le Point culture

Au programme
  • Si les musées sont fermés, les galeries d'art, elles, sont bien ouvertes. Une raison supplémentaire de découvrir l'exposition dédiée au peintre abstrait américain Mark Tobey, jusqu'au 12 février 2021 à la galerie Jeanne Bucher Jaeger à Paris, organisée  en collaboration avec la Collection de Bueil et Ract-Madoux. Contributeur du catalogue Tobey or not be ? associé à l'exposition, l'essayiste et poète Stéphane Lambert décrypte l'oeuvre de Tobey au regard de ses contemporains, tentant d'expliquer pourquoi cet artiste a été moins montré et connu que d'autres peintres abstraits du 20ème siècle.

    Plus âgé que les grands représentants de l'école abstraite nés après 1900 (Pollock, Rothko), Mark Tobey est né en 1890 et citait l'artiste suisse-allemand Paul Klee comme sa référence principale, lui-même né en 1879. Ainsi situé à l'intermédiaire de la modernité du début du 20ème siècle et l'expressionnisme abstrait du milieu du 20ème siècle, le peintre américain diverge néanmoins de ce mouvement et de son côté spectaculaire, saisissant, avec un travail qui nécessite plus d'attention, explique Stéphane Lambert

    La petite taille de ses oeuvres fait qu'il passe souvent inaperçu dans les collections des grands musées. J'ai moi-même longtemps ignoré Mark Tobey. J'ai consacré un livre à Rothko dont les oeuvres sont beaucoup plus monumentales. Les oeuvres de grande taille de l'expressionnisme américain correspondent à une esthétique de cette jeune peinture américaine sauvage, qui exprime le renouveau d'une terre vierge. Mark Tobey, lui, a été happé par d'autres cultures, et par la nécessité de synthétiser d'autres formes d'universalités.          
    Stéphane Lambert

    Ayant fini par s'installer à Seattle, sur la côte pacifique américaine, Mark Tobey s'est éloigné de la frénésie créative des expressionnistes new-yorkais. A la croisée des époques et des genres, les influences du peintre mêlaient également les cultures occidentale et orientale.

    Il a rencontré un jeune étudiant chinois qui l'a initié à l'esthétique chinoise, à la calligraphie. Il s'est aussi converti au bahaïsme, une religion dérivée de l'islam qui tend vers une universalité spirituelle.          
    Stéphane Lambert

    Chez Tobey, il y a une quête spirituelle et intérieure, ce qui est un point commun avec les expressionnistes abstraits. Toute sa recherche artistique pousse ce questionnement, à travers toutes ses rencontres culturelles, qui vont jusqu'en Extrême-Orient.          
    Stéphane Lambert

    Son lien avec Paul Klee est assez fort dans le fond de son travail, qui est plus lointain que notre conscience et notre inconscient, qui nous rattache à une communauté ancestrale. Il donne le sentiment de toucher à quelque chose d'extrêmement profond, englouti dans les abysses du vivant. Stéphane Lambert

    Les petits formats de Mark Tobey obligent à s'en approcher pour observer les détails de leur composition dense, tout en s'éloignant pour avoir une vue d'ensemble sur l'oeuvre du peintre. Un jeu sur les échelles, entre l'infiniment grand et l'infiniment petit ? 

    Fils d'une couturière et d'un charpentier, Mark Tobey travaille avec des fils, et a hérité d'un sens de la précision autant que du concret, précise l'essayiste Stéphane Lambert.

    Il a essayé de rendre la sensation du rythme de la ville, cette frénésie, ce mouvement, avec cette idée de fils. Comment trouver ce qui relie l'ensemble des choses ?          
    Stéphane Lambert

    L'exposition Tobey or not to be ? est disponible en visite virtuelle ainsi qu'à la galerie Jeanne Bucher Jaeger à Paris, jusqu'au 12 février 2021. Elle s'accompagne d'un catalogue du même titre disponible chez Gallimard.

Illustration
Le point culture
Photographie
  • Christophe Abramowitz
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  • Radio France
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