Né en 1966 à Paris, d’un père sénégalais et d’une mère française, David Diop a passé son enfance et son adolescence à Dakar avant de revenir en France pour ses études supérieures. Après une thèse portant sur les origines intellectuelles de la philosophie politique dans l’Encyclopédie de Diderot et d'Alembert, il devient maître de conférences en littérature du XVIIIe siècle à l’Université de Pau, profession qu’il exerce toujours.
Une double sensibilité culturelle
En 2012, paraît son premier roman 1889 l’Attraction universelle. Six ans plus tard, David Diop signe son succès international avec la parution de Frère d’âme (aux éditions du Seuil) qui raflera le Prix Goncourt des lycéens en 2018, le Prix Kourouma en 2019 ainsi que le Booker Prize en 2021. La Porte du voyage sans retour – son 3e roman – est publié quant à lui, en 2021. Trois romans, de sujets certes différents mais qui partagent pourtant des racines communes entre la France et le Sénégal. Ce sont ces deux sensibilités culturelles - qui ne cessent de s’interpénétrer - qui sont à l'origine de l’inspiration de l’auteur. Car pour David Diop, l'écriture c'est en quelque sorte rendre compte de ces échanges incessants entre "ici et là-bas".
"J’appréhende la culture française non pas par rapport à une connaissance que j'aurais de cette culture, du fait de vivre en France depuis longtemps, mais à travers aussi le prisme sénégalais. L’inverse est également vrai" David Diop
C’est à 46 ans que l’auteur écrit son premier ouvrage. Un âge canonique mais qui témoigne d’un réel processus intellectuel : "Je me suis donné l'autorisation à moi-même d'écrire assez tardivement, j’ai appris à vivre avant d’écrire". Si David Diop fait preuve d’une certaine pudeur en ayant du mal à se considérer en tant qu'écrivain, et ce malgré l'immense succès de Frère d’âme, il voit dans l'écriture, un véritable "rituel".
"Pour moi, c'est vraiment un moment important d'avoir compris que ce que j'écrivais, et qui correspondait à l'image que j'avais en tête, ne me parvenait pas mieux qu'avec un stylo et une feuille".
Entre fiction et réalité ...
Influencé par des auteurs tels que Franz Kafka ou Albert Cohen, David Diop se complaît à enfiler sa double casquette d’écrivain et de professeur. Les grands auteurs n'étant pas son unique source d’inspiration, il lui arrive aussi de rêver par le biais des notes de bas de page d’écrits universitaires.
"J'aime bien dans le fond, une fois que j'ai écrit quelques notes de bas de page, laisser mon imagination courir librement, je pense que l'un et l'autre sont liés. Le travail universitaire de recherche m'a apporté une méthodologie pour aller chercher des informations. C'est ce qui me plaît d'ailleurs dans ce travail là. Mais en même temps, je me débarrasse des notes de bas de page quand j'écris la fiction, je me libère du devoir dire vrai ou du devoir dire exactement la vérité".
Jongler entre le monde de la fiction et celui de la réalité, c’est bien là que réside tout le talent de David Diop…
Masterclasse animée par Chloë Cambreling et enregistrée en public au Théâtre de la Ville - Espace Cardin à Paris.
