Médiathèque Georges Brassens

"Ce qui me frappe toujours, dans les débats sur l’immigration en France, c’est la très grande confusion autour des chiffres" écrit François Gemenne qui enseigne les politiques du climat et de l’immigration à Sciences-po et à Bruxelles dans son livre O_n a tous un ami noir_.

Nous essayerons de dissiper cette confusion avec François Gemenne lui-même et avec Didier Leschi, Directeur Général de l’Office Français de l’Immigration et de l’Intégration qui publie Ce grand dérangement : l’immigration en face.

Et pour débuter ces questions : combien y a t-il d’immigrés en France aujourd’hui ? Combien de nouveaux arrivants chaque année ? Qu’en est-il de l’intégration ? Faut-il maitriser les flux migratoires ? Devons-nous combattre le séparatisme et comment ? La notion de "chez soi" a t-elle un sens ? Y a-t-il un racisme systémique en France ? Y a-t-il un droit des peuples à la continuité historique ?

Des migrations

François Gemmene évoque les conséquences de la politique européenne de fermeture des frontières extérieures au début des années 1990 et l'accroissement de l'immigration dite illégale.

Pourtant, quand on parle des immigrés, des migrants ou même des réfugiés ou des étrangers, on les considère toujours comme un groupe à part, constitué comme si c'était cette qualité d'immigré qui était véritablement consubstantielle de leur identité. Et je crois que notre défi, si on veut discuter de l'immigration en France, c'est non seulement de discuter de ces grands chiffres mais aussi de la singularité de chacun d'entre eux. François Gemenne

L'enjeu des politiques d'intégration

Enfin, sur la question de la migration en général, on ne peut pas ne pas penser que la destruction d'un certain nombre d'Etats, et même de l'autre côté de la Méditerranée, ne finisse pas par avoir des impacts aussi sur nous. C'est-à-dire qu'il y a une sorte de chaos qui peut aussi toucher les consciences, ce qui fait qu'après, on peut avoir nous-mêmes des difficultés à intégrer les personnes. Enfin, bien sûr que la protection sociale a un coût. Didier Leschi

Le problème ce sont les discriminations aussi qui empêchent l'idéal républicain d'égalité de se réaliser. Et je crois que si l'on veut véritablement mener une politique d'intégration qui réussisse en France, il faut la concevoir dans les deux sens : comme une obligation à la fois du nouvel arrivant, mais aussi comme une obligation de celui qui accueille. Et effectivement, c'est en investissant davantage dans des politiques d'intégration que nous parviendrons quelque part à créer le terreau commun de ce que nous voulons faire ensemble. Nous avons trop souvent tendance en France à nous poser la question de savoir d'où l'on vient et à faire des catégories et parfois des jugements de valeur. Nous ne regardons pas suffisamment où nous voulons aller ensemble et c'est bien là l'enjeu des politiques d'intégration. François Gemenne

Pour aller plus loin

Intégration -en France, des réfugiés qui suivent un stage où le pays d’accueil est dénigré, Courrier international, 7 décembre 2020.