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Israël-Palestine : Netanyahou reste sourd aux appels au cessez-le-feu

Pierre Haski
Diffusé le mercredi, 19 mai 2021 (3 min)


De Joe Biden à 26 des 27 pays de l’UE, les appels au cessez-le-feu se font entendre, mais Israël veut poursuivre son opération de destruction des moyens du Hamas, au risque de toucher aussi les populations civiles de Gaza.


   
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  • Il n’y a qu’un seul homme qui s’oppose aujourd’hui à un arrêt des hostilités entre Israël et le mouvement Hamas à Gaza, et c’est Benyamin Netanyahou. Le premier ministre israélien a encore promis hier qu’il poursuivrait les opérations « aussi longtemps qu’il le faudra », jusqu’au rétablissement du calme.

    En refusant les appels au cessez-le-feu, y compris celui de Joe Biden, il prend des risques importants ; notamment celui de s’aliéner le soutien des gouvernements qui ont approuvé le droit d’Israël à se défendre face au déluge de roquettes du Hamas, mais qui ont de plus en plus mal à assumer le coût humain infligé à la population civile de la bande de Gaza. D’autant que le Hamas s’est dit prêt à un cessez-le-feu.

    Près du tiers des victimes à Gaza sont des enfants, des cibles civiles sont régulièrement touchées dans ce territoire surpeuplé, et qui se voit ramener des années en arrière en termes d’infrastructure et de services. Pour cette raison, Israël a déjà perdu la bataille des opinions publiques mondiales, qui, même sans la moindre sympathie pour le Hamas, prend naturellement le parti du plus faible.

    Officiellement, Israël poursuit son opération pour détruire au maximum les infrastructures du Hamas dans la bande de Gaza. Les combattants islamistes payent eux aussi le prix de ces attaques ; mais tous les experts savent qu’un mouvement de ce type ne sera pas détruit par de seuls bombardements aériens. 

    L’explication est aussi politique. Benyamin Netanyahou a besoin de se présenter en vainqueur de cette confrontation avec le Hamas, lui qui s’est laissé surprendre par la pluie de roquettes venue de Gaza. Le premier ministre était déjà en position de faiblesse, sur le point de quitter le pouvoir pour laisser la place à une coalition d’opposition. Il n’a pas voulu cette guerre, mais force est de constater qu’elle recrée un sentiment d’union nationale autour de lui, et que ça l’arrange.

    Jusqu’ici, Joe Biden l’a protégé, reprenant le rôle traditionnel de l’allié américain de l’État hébreu. Mais hier il a apporté son soutien à un cessez-le-feu, et, critiqué par la jeune garde démocrate, il risque d’avoir besoin de montrer qu’il a su éteindre l’incendie de Gaza.

    Les Européens ont eux aussi appelé hier à un cessez-le-feu, mais reconnaissons que ce n’est pas l’heure de gloire de la diplomatie européenne. Les 27 n’ont été que 26 à demander un cessez-le-feu, la Hongrie se distinguant une nouvelle fois pour refuser l’unanimité. C’est la faiblesse d’une Europe qui, sur un sujet qui la divise depuis toujours, ne parvient pas à peser au-delà de son aide financière.

    Mais au bout du compte, le principal argument pour un cessez-le-feu ne vient ni de Bruxelles, ni de Washington, mais du risque d’extension du conflit en cas de poursuite de la guerre. De nombreux incidents ont eu lieu ces derniers jours en Cisjordanie, faisant plusieurs victimes ; ainsi qu’à Jérusalem-Est et dans les villes « mixtes » d’Israël.

    Le risque d’une troisième intifada, mobilisant une jeunesse palestinienne reprenant le flambeau de ses aînés, n’est pas à prendre à la légère. L’engrenage de la révolte, parti d’une situation tendue à Jérusalem pour devenir une guerre ouverte, est encore en action, alimenté par les images de souffrances des habitants de Gaza.

    Pour cette raison, au moins, Benyamin Netanyahou devrait écouter les appels à cesser les combats, personne ne sortirait gagnant d’une violence accrue.

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