Podcast

Risque d’échec politique au Mali pour la France

Pierre Haski
Diffusé le lundi, 03 janvier 2022 (3 min)


Contrairement au souhait de Paris et des pays de la région, la junte militaire malienne repousse le retour à la vie civile à 2026, et déploie des militaires russes, un double défi, neuf ans après le début de l’intervention française.


   
Provient de l'émission
Géopolitique

Au programme
  • Le Mali est le principal front sur lequel est engagée l’armée française en dehors de l’hexagone, et il est en train de virer au casse-tête politico-diplomatique pour la France. Avec le risque d’un échec, et donc d’un retrait dans des conditions qui entameraient durablement l’influence française sur le continent.

    La France vient de subir coup sur coup deux revers au Mali, neuf ans après le début de l’intervention décidée par François Hollande. Tous deux sont liés à des décisions prises par la junte militaire au pouvoir à Bamako, et qui défient aussi bien la France que les pays de la région, et une partie des Maliens. Il s’agit du calendrier de retour à la vie civile, et du déploiement de militaires russes au statut ambigu.

    Le chef de la junte, le colonel Assimi Goïta, a publié le calendrier attendu du retour à la vie civile, après avoir contesté l’objectif d’élections en février 2022. Dans le nouvel échéancier qui a surpris tout le monde, l’élection présidentielle est reportée à … janvier 2026, soit quatre années de pouvoir militaire de plus.

    En quoi est-ce un revers pour la France ? Paris veut préserver l’apparence d’une présence militaire à la demande des autorités légales du Mali, une réponse à la campagne antifrançaise dont on a vu les nombreux signes ces dernières semaines. Paris n’a pas supporté le « coup d’état dans le coup d’état » qui a vu, en mai dernier, le colonel Goïta renverser ceux qu’il avait lui-même placé au pouvoir quelques mois plus tôt. 

    Emmanuel Macron avait déclaré qu’il ne resterait pas « aux côtés d’un pays où il n’y a plus de légitimité démocratique ni de transition ». Ca ne s’est pas arrangé depuis, et le président français a du annuler sa visite au Mali juste avant Noël, qui avait été imprudemment été annoncée avant d’être certain que les conditions étaient possibles.

    L’autre grand sujet c’est évidemment les mercenaires de Wagner, la société privée russe proche du Kremlin, dont Paris et 17 autres pays occidentaux ont dénoncé l’arrivée au Mali. Bamako a démenti et parle de conseillers militaires russes. Le flou ne pourra pas durer très longtemps sur le statut et les conditions de la présence de ces hommes, déjà des dizaines signalés à Bamako et dans le centre du Mali.

    Initialement, Paris avait été catégorique : « c’est Wagner ou nous ». C’est moins clair aujourd’hui, même si on reconnait à Paris que la cohabitation de deux forces contradictoires puisse devenir impossible.

    Pour l’heure l’impact est d’abord politique. La France a perdu tout moyen de se faire entendre à Bamako, ses mises en garde restent lettre morte, et pire encore, elles alimentent l’idée que la France veut dicter sa loi au vaillant colonel Goïta et empêcher la « concurrence » russe.Même si, de fait, les pays africains de la région partagent les mêmes objectifs que la France.

    Après neuf ans de présence, la France se retrouve sans horizon clair, ni militaire, ni politique, et sans sortie réellement honorable. Entre djihadistes, réseaux mafieux, putschistes et mercenaires russes, y a-t-il encore une place pour l’armée et l’influence de l’ancienne puissance coloniale ? 

    C’est la question posée à Emmanuel Macron qui voulait refonder les relations franco-africaines, mais se retrouve piégé par un conflit sans issue.

Illustration
Géopolitique
Copyright
  • Radio France
Collection

Consulter en ligne

Suggestions

Du même auteur

Podcast

Israël en route vers l’annexion de pans entiers de Cisjordanie

Géopolitique

Pierre Haski
Diffusé le vendredi, 01 mai 2020  (Durée 3 min)

Le gouvernement d’union de Netanyahou et Gantz devrait passer les derniers obstacles juridiques avant de voir le jour et de passer à la partie explosive de son programme : l’annexion d’une partie de l...

Podcast

A la Maison Blanche, la paix très électorale d’Israël avec deux pays du Golfe

Géopolitique

Pierre Haski
Diffusé le mardi, 15 septembre 2020  (Durée 3 min)

La signature aujourd’hui à Washington des accords entre Israël, les Émirats arabes unis et Bahrein suscitent des réactions diverses, à la fois en raison de l’ombre de Donald Trump et de l’« oubli » de...

Podcast

Le coup d’éclat électoral de Netanyahou : la promesse d’annexion de territoires occupés

Géopolitique

Pierre Haski
Diffusé le mercredi, 11 septembre 2019  (Durée 3 min)

Au coude à coude avec l’opposition dans les sondages à une semaine des élections, le premier ministre israélien tend la main aux colons en promettant des annexions, en violation du droit international...

Podcast

La résurgence de Daech en Syrie : chronique d’un retour annoncé

Géopolitique

Pierre Haski
Diffusé le jeudi, 27 janvier 2022  (Durée 3 min)

Trois ans après la chute du Califat de Daech, une centaine de combattants de l’État islamique ont attaqué une prison tenue par les Kurdes dans le nord-est de la Syrie. Il a fallu six jours de combats ...

Podcast

Israël-Palestine : Netanyahou reste sourd aux appels au cessez-le-feu

Géopolitique

Pierre Haski
Diffusé le mercredi, 19 mai 2021  (Durée 3 min)

De Joe Biden à 26 des 27 pays de l’UE, les appels au cessez-le-feu se font entendre, mais Israël veut poursuivre son opération de destruction des moyens du Hamas, au risque de toucher aussi les popula...

Chargement des enrichissements...