C’est un trouble qui touche environ 5 % des enfants. Les études sur des familles entières et sur les jumeaux ont depuis longtemps suggéré certaines prédispositions génétiques à la dyslexie. Seulement, en vingt ans, les patients étudiés étaient trop peu nombreux pour que l’on puisse réaliser des analyses sur des génomes entiers. Donc au fil des années est venue l’idée qu’il fallait rassembler un maximum de données sur les capacités de langage des sujets avec leurs informations génétiques associées.
Et c’est ce que des chercheurs ont fait dans ces trois études successives, rassemblant 8 000, puis 34 000, et enfin un million de participants. Résultat, plus de 40 variations génétiques sont associées à la dyslexie. Ces variants expliqueraient 20 à 25 % du risque de développer ce trouble. Cela confirme donc ce que les chercheurs pensaient déjà : il y a bien une part génétique dans la dyslexie. Seulement, cela ne signifie pas pour autant qu’il y ait un ou des gènes de la dyslexie.
Entretien avec Franck Ramus, directeur de recherche CNRS à l’ENS et co-auteur de ces 3 études.
Certaines publications scientifiques d’un lauréat du prix Nobel suscitent des inquiétudes…
Il s’agit de Gregory Semenza, colauréat du prix Nobel de génétique en 2019. En tout, 17 publications dont il est coauteur ont été retirées par les éditeurs de revues scientifiques et 15 encore font l’objet d’une analyse approfondie. Au cœur de cette controverse, les images contenues dans les publications.
Une question sur l'intégrité des images depuis longtemps soulevée, aux Etats-Unis et ailleurs, car il faut savoir qu’en recherche fondamentale, notamment biologie, de nombreux résultats se présentent sous forme d’images. Bien sûr, les auteurs ne peuvent pas glisser l’intégralité de leurs données brutes. Alors, ils en sélectionnent et montrent celles qui permettent d’appuyer leurs propos. Cela veut dire qu’il y a des découpes d’images, des ajustements de contraste, et toutes sortes de manipulations qui peuvent conduire à ce qu’on appelle des irrégularités. Dans le meilleur des cas, de simples erreurs, dans le pire, des fraudes…
A propos des travaux de Gregory Semenza, les éditeurs relèvent : des altérations des images, des réutilisations et des étiquetages incorrects. Selon Elisabeth Bik, consultante connue pour son travail de détection de la manipulation frauduleuse d’images en sciences, le nombre d’articles mis en cause ici est très important, ce qui suggère une intention d'induire en erreur.
Deux énormes séismes nous renseignent sur l’intérieur de Mars
Ces deux séismes ont été provoqués par deux météorites que les chercheurs n’osaient même pas espérer voir un jour : deux météorites de 5 mètres, d’une masse de 300 à 600 tonnes qui ont provoqué des cratères de 130 à 150 mètres de diamètre. Des événements rares qui ne se produisent théoriquement que tous les dix ans. Il fallait donc être là au bon moment avec les bons instruments.
En l'occurrence, ces chutes ont été observées au sol, par un sismomètre et en hauteur avec une sonde. Le fait de connaître précisément le lieu de chute et donc la distance entre les instruments et les cratères nous permet de connaître les vitesses de propagation des ondes et nous donne ainsi une meilleure idée de la structure et de la composition de la planète. Résultat, ces observations valident les modèles des couches supérieures et du manteau de Mars, mais pas celle du noyau, ce qui est une surprise selon Philippe Lognonné, chercheur CNRS à l'Institut de Physique du Globe. Ce qui n’est pas une mauvaise nouvelle en soi, ces nouvelles données vont pouvoir nous permettre d’affiner les modélisations de la structure de cette planète.
Après trois ans de découverte, cette mission Insight, s’arrêtera cet hiver, parce que ses panneaux se sont recouverts de poussière, ce qui limite la charge de sa batterie.
Le festival international du film scientifique Pariscience a commencé hier
Il prend place au Muséum National d’Histoire Naturelle et à l’Institut de Physique du Globe à Paris, mais aussi en ligne. Au total, 32 documentaires scientifiques seront diffusés en salle et 8 en ligne au même moment.
Cette année, la thématique principale est la “complainte du progrès”. Ni tourniquette, ni atomixeur, non, mais un fil rouge dans l’ensemble de ces films. L'innovation est-elle nécessairement un progrès, faut-il réguler inventions et innovations ? Faut-il plutôt se tourner vers la nature ? Autant de questions qui seront abordées en débat juste après les projections, avec un ou une scientifique et des membres de la production. Et le festival durera jusqu’à lundi !
Merci à Franck Ramus et Philippe Lognonné pour leurs précieuses explications
Pour aller plus loin
Les trois études sur la dyslexie, d'août 2022 (PNAS, en anglais), du 14 octobre 2022 (Molecular Psychiatry, en anglais) et du 20 octobre 2022 (Nature Genetics, en anglais)
Nouvelles avancées sur les facteurs génétiques impliqués dans la dyslexie (CNRS)
L'étude sur les deux séismes de Mars (Science, en anglais)
[Une météorite de plusieurs centaines de tonnes s’est écrasée sur Mars](Une météorite de plusieurs centaines de tonnes s’est écrasée sur Mars) (Science et Avenir)
Des dizaines d'articles cosignés par le lauréat du prix Nobel suscitent des inquiétudes (Nature, en anglais)
Le festival Pariscience