On sait que les abeilles comme d’autres insectes sociaux communiquent grâce à des odeurs qu’elles captent par les antennes. Quand ces odeurs conditionnent un comportement, on parle de phéromones. Et quand ces molécules sont volatiles, on parle de COV : de Composés Organiques Volatiles, c’est ce qui va nous intéresser ici.
La communication chimique du couvain d’abeilles
Ces médiateurs chimiques sont encore assez mal connus. Mais il y a des exemples pour lesquels on suspecte leur présence, par exemple dans le cas des infections au Varroa destructor. Un parasite qui s’infiltre dans le couvain, c’est-à-dire l’ensemble des œufs, des larves et nymphes d’abeilles, les petits pour le dire vite.
En présence du parasite, les abeilles devenues adultes présentent certaines pathologies, ce qui conduit à l’effondrement de la colonie. Mais certaines populations d’abeilles domestiques, d’Apis mellifera, n’y sont pas sensibles : les nourrices qui s’occupent du couvain détectent spécifiquement le varroa et nettoient soigneusement les alvéoles parasitées.
Alors comment les nourrices parviennent-elle à détecter ce parasite ? Est-ce qu’il existe une communication entre couvains et nourrices par le biais d’odeurs ? Pour commencer à répondre à ces questions, ces scientifiques ont étudié les émissions de COV tout au long du développement du couvain, pendant 21 jours. Les odeurs ont été captées avec des fibres SPME, sortes d'essuie-tout absorbant de l’épaisseur d’un cheveux.
Résultat, 32 COV ont été identifiés, dont 14 n’avaient jamais été découverts auparavant pour le couvain d’abeilles. Ce qui est intéressant, c’est que certains d’entre eux sont connus pour être des phéromones chez les adultes.
Entretien avec Amélie Noël est doctorante en écologie chimique de l’abeille à l’Université d’Avignon et dans l’Unité Abeilles et Environnement d’INRAE PACA. Elle est l’autrice principale de ces travaux parus dans Plos One.
Un fongicide très largement utilisé perturbe la reproduction des reines
Il s’agit du Boscalid, qui fait partie d’une classe de fongicide à large spectre dont l’action pourrait ne pas être totalement spécifique.
Pour évaluer son effet, des scientifiques qui publient dans Environnemental Pollution ont exposé les reines d’abeilles mellifères au printemps à une concentration de Boscalid semblable à celle retrouvée dans les cultures.
Résultat, le pesticide diminue la qualité de reproduction des reines. Elles meurent davantage pendant ou après la période des vols nuptiaux. Elles s'accouplent moins avec les mâles. A l’automne, donc 4 mois après le début de l’expérience, les reines ont ainsi un stock plus limité pour produire des œufs, ce qui pourrait conduire à une moindre longévité et altérer l’ensemble de la colonie.
Les auteurs appellent donc à inclure la reproduction dans les procédures d’évaluation des risques liées aux pesticides. Le mois dernier, l’ONG de protection des abeilles Pollinis a par ailleurs déposé un recours devant le tribunal de l’Union Européenne pour remettre en cause la prolongation de l'autorisation de ce pesticide.
La piste du marché de Wuhan comme origine du COVID-19 s’étoffe
Nous parlions ici il y a un peu moins d’un mois de la détection de chiens viverrins positifs au SARS-COV-2 dans le marché de Wuhan. Une chercheuse française, Florence Débarre, avait débusqué ces séquences un peu par hasard.
L'emballement médiatique qui s’en est suivi a probablement contraint les scientifiques du Centre de Contrôle des Maladies chinois, en charge de tester des échantillons prélevés sur le marché, à publier rapidement. 900 échantillons ont été prélevés dans l’environnement du marché et 450 échantillons directement sur des animaux.
Et leur analyse parue dans Nature confirme ces résultats : 8% des échantillons sont positifs au SARS-COV-2, dont une majorité dans la zone où étaient présents les animaux vivants. Les séquences détectées sont identiques à la souche virale des premiers cas humains. Le virus était donc bien présent dans le marché du Wuhan au début de l’épidémie. Ce qui ne dit pas pour autant que la potentielle transmission animal à humain a eu lieu à cet endroit.
La découverte de la plus vieille espèce de chauve-souris au monde
Des fossiles datant d’il y a 52 millions d’années. Ils ont été retrouvés dans le Wyoming aux Etats-Unis et en plus d’être les plus anciens spécimens de l’espèce, il s'agit d’une nouvelle espèce : Icaronycterisgunneulli. Elle mesure à peine 4 cm pour 25 grammes.
Et parce qu’on ne sait toujours pas dans quelle région du monde ces mammifères sont apparus pour la première fois, les scientifiques qui publient dans Plos One expliquent que cette découverte permet de réagencer l’arbre phylogénique de ces mammifères et apporte une brique supplémentaire à l’hypothèse selon laquelle beaucoup d’espèces de chauves-souris auraient émergé au même moment et sur plusieurs continents, au début de l’Eocène soit il y a entre 56 et 34 millions d'années.
Pour aller plus loin ...
L’étude sur la communication chimique entre couvain et nourrices (Plos One, en anglais)
L’étude sur l’effet du boscalid sur les reines d’abeilles (Environnemental Pollution, en anglais)
L’étude sur les échantillons positifs au SARS-Cov2 à Wuhan (Nature, en anglais)
Origines du Covid-19 : la piste du marché de Wuhan est renforcée (Sciences et Avenir)
L’étude sur les chauves-souris (Plos One, en anglais)