Podcast

De Monoprix à Eileen Gray (Episode 2 sur 5)

Catherine Geel
Diffusé le mardi, 19 février 2013 (27 min)


Andrée Putman fait le récit de son introduction dans le milieu du stylisme à partir de sa collaboration avec Prisunic, une expérience qui conforte sa volonté de rendre la beauté accessible au plus grand nombre et l'amène à aiguiser son regard auprès des artistes.


Andrée Putman Architecte d'intérieur et designer française



   
Provient de l'émission
À voix nue

Au programme
  • En coupant court à une carrière dans le domaine de la musique à laquelle la prédestinait sa mère, la première intention d’Andrée Putman était d’"essayer de voir le monde, […] de sortir de tout ce qui faisait cette sécurité apparente, cette vie paisible d'enfant privilégiée ". Prenant au mot sa grand-mère alors présidente du Prix Femina, qui estime "qu’à part grouillot, elle ne voyait rien" qu’elle puisse faire, elle devient coursier pour différentes rédactions dans lesquelles elle gravit très vite les échelons, et entame des collaborations avec des magazines. C’est l’occasion pour la jeune femme de découvrir les coulisses d’un véritable théâtre social et de côtoyer le milieu artistique et intellectuel foisonnant de l’époque, notamment au Café de Flore : "je pensais que tout se passait là. Il y avait Sartre, Simone de Beauvoir, Camus, Giacometti, Artaud, Gréco... Et puis il y avait des masses de gens qui avaient des visages de gens libres, qui n'étaient pas dans les conventions. C'est tout ce qu'il fallait pour me nourrir à l'époque."

    Le rêve du beau pour tous

    En 1958, Andrée Putman fait la rencontre de Denise Foyolle alors styliste à Prisunic, l’ancêtre de Monoprix : "elle avait une sorte de pouvoir […] elle vivait dangereusement et elle était éblouissante pour introduire la beauté et le respect qui l'accompagne, dans des produits absolument courants" se souvient-elle. Une connivence s’installe immédiatement entre les deux femmes. Leur collaboration, qui lui permit de mettre ses exigences et ses goûts d’avant-garde au service de produits populaires sera le prélude à une indépendance assumée dans les années qui suivent, lorsqu’elle définira sa propre ligne en montant sa société d’édition et de design. Novatrice dans ses choix, elle va s’employer à faire rayonner les œuvres d'artistes du mouvement moderne de la première moitié du 20ème siècle, en rééditant certaines de leurs pièces (comme la petite chaise de Robert Mallet-Stevens, dont plus de 30 000 exemplaires seront vendus, ou le transat d’Eileen Gray), donnant ainsi une seconde vie à ce mobilier d'architectes alors tombé dans l'oubli. Elle qui, à l’adolescence, avait vidé sa chambre de tout ce qu’elle considérait comme superflu, la meublant d’un lit en fer, d’une chaise et d’un tableau de Mirò, trouve dans ces artistes modernistes une forme d’écho à sa propre quête : "le luxe, le luxe un peu pompeux était pour moi une chose très polluante et qui me faisait horreur. Au fond, je m'intéressais à l'essentiel, à l'idée de la charpente, de la colonne vertébrale des choses. […] Probablement qu’il y a eu une identification entre ces gens qui ont eu tellement de mal à être acceptés et moi […] qui devait absolument sortir des terrains balisés [...]. Je me suis sentie très émue par ces créateurs incompris."

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Andrée Putman, l'élégance dissidente

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