Médiathèque Georges Brassens

En janvier 2020, lorsqu'a débuté la pandémie de Covid 19, Le Courrier picard a publié un éditorial intitulé Le péril jaune ? Les protestations des représentants de la communauté asiatique ont contraint le journal à présenter des excuses. Consciemment ou non, en utilisant l'expression "péril jaune", l'auteur de cet article avait réactivé un stéréotype omniprésent dans le discours public au début du XXe siècle.

Un stéréotype omniprésent dans le discours public

L'expression "péril jaune" s'imposa en France en 1895 après la publication, dans Le Monde illustré, d'un dessin allégorique allemand intitulé "Die Gelbe Gefahr". La formule condensait les discours apocalyptiques annonçant que les peuples asiatiques finiraient par dominer les Blancs pour gouverner le monde. C'est l'une des variantes du topos sur le "grand remplacement" qu'alimentent aujourd'hui des politiciens de droite, et surtout d'extrême droite.

Au départ, le stéréotype s'est focalisé sur les Chinois, en raison des conflits qui opposaient les Européens à la Chine. Le "péril jaune" fut aussi alimenté par une partie de l'extrême gauche dénonçant l'émigration massive des coolies, ces travailleurs chinois accusés de concurrencer les nationaux sur le marché de l'emploi. C'est pour remédier à ce danger que l'écrivain anarchiste Charles Malato proposa qu'on "dévie la race chinoise vers l'Afrique". Miracle que le capitalisme a fini par convertir en réalité, sauf que ce ne sont pas des coolies mais des chefs d'entreprise qui se sont installés en Afrique. Après ces arguments politiques et économiques, c'est le risque démographique qui fut mobilisé pour dénoncer le péril jaune. (…)

La chronique est à écouter dans son intégralité en cliquant dans le haut de la page. Histoire, économie, sciences, philosophie, histoire de l'art… Écoutez et abonnez-vous à la collection de podcasts "Le Pourquoi du comment" ; les meilleurs experts répondent à toutes les questions que vous n'osez poser.