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Du palais de l'Elysée aux couloirs de la FIFA : une attribution sous influence (Episode 1 sur 4)

Julie Gacon
Diffusé le lundi, 14 novembre 2022 (59 min)


Les conditions d'attribution de la Coupe du monde au Qatar en décembre 2010, dont le dossier technique était le moins bon de tous les candidats, font l'objet de plusieurs enquêtes de la part des autorités américaines, suisses et françaises...


Benoît Collombat Journaliste à la cellule investigation de Radio France
Paul Dietschy Professeur d'histoire contemporaine à l'université de Franche-Comté, spécialiste de l'histoire du sport
Mathieu Martinière Journaliste, co-auteur d’une longue enquête sur la pédophilie dans le sport publiée en décembre 2019 sur le média "Disclose", membre du comité éditorial de "Disclose" et co-auteur de Eglise, la mécanique du silence (Lattès, 2017).



   
Provient de l'émission
Cultures Monde

Au programme
  • "Qu’est-ce que ce jeu-là ? Démoniaque et divin" demandait Marguerite Duras à Michel Platini lors d’un entretien organisé par le journal Libération en 1987. Platini dira plus tard que jamais, il n’avait été interrogé par quelqu’un d’aussi ignare des choses du football, et que la façon qu’avait Duras de parler d’angélisme, "d’angélhommes" pour parler des footballeurs, l’avait beaucoup amusé.

    Rien d’angélique cette fois dans l’attribution de la Coupe du monde de l'année 2022 à l’émirat du Qatar. Du soft power a minima, de la "corruption active et passive" peut-être. En France, le parquet national financier a ouvert une enquête en 2019 qui déterminera le rôle de Michel Platini, vice-président de la FIFA quand cette organisation internationale a voté pour le Qatar, malgré un dossier technique très faible, et celui de Nicolas Sarkozy, président de l’époque, alors en discussion avec Doha sur divers sujets diplomatiques et financiers. Si le Qatar sait jouer de sa puissance, sa candidature a aussi pu profiter du système de la FIFA, où les attributions sont politiques depuis des décennies.

    Quels leviers le Qatar a-t-il pu activer au sein de la fédération internationale de foot ?

    Pour répondre à cette question et à bien d'autres, Julie Gacon reçoit Benoît Collombat, journaliste à la cellule investigation de Radio France et Paul Dietschy, professeur d'histoire contemporaine à l'université de Franche-Comté, spécialiste de l'histoire du sport.

    "Il fallait convaincre Michel Platini de voter le Qatar. Car Michel Platini, patron du foot européen en 2010, ne représente pas une seule voix au sein de ce que l'on appelle le comité exécutif de la FIFA, c'est-à-dire le gouvernement de la FIFA composé d'une vingtaine de personnes, mais bien quatre voix, car il y a trois autres votants européens au sens large qui sont susceptibles de l'écouter.", explique Benoît Collombat dans le cadre de son analyse des enjeux à l'ordre du jour du fameux dîner à l'Elysée organisé par Nicolas Sarkozy avec l'émir du Qatar et Michel Platini.

    "Le Qatar a aussi payé des ambassadeurs, Zinedine Zidane, Pep Guardiola, entre autres, pour dire tout le bien qu'ils pensaient de cette candidature", observe Paul Dietschy pour expliquer la place de la corruption dans l'attribution par la FIFA du Mondial 2022 au Qatar.

    Paul Dietschy rappelle aussi que "dans les premiers statuts de la FIFA, il y a la volonté de développer le football international, c'est-à-dire l'organiser hors des grands pays du foot, que sont l'Europe et l'Amérique du Sud. Ce projet de "mondialisation du football" commence en 1974, lorsque le Brésilien Joao Havelange est élu président de la FIFA, avec les voix de l'Afrique et de l'Asie. L'Afrique et l'Asie demandent qu'ils aient plus de représentants : plus de matchs auxquels ils participent, et des organisations de Coupe du Monde sur leur territoire. Cela prend effet en 1994."

    Pour aller plus loin :

    Seconde partie : le focus du jour

    La sécurité des événements sportifs : redorer le blason du Qatar

    Un million deux cent mille visiteurs prévus pour ce Mondial dans un pays qui compte deux millions quatre cent mille habitants. Le Qatar travaille depuis dix ans à assurer la sécurité de l’évènement. La France doit d'ailleurs envoyer pour les épreuves plus de 200 experts : gendarmes du GIGN, agents de la division nationale de lutte contre le hooliganisme ou spécialistes de la lutte anti-drones. Mais Doha travaille aussi et surtout avec Interpol, dans le cadre d’un partenariat lancé en 2012, que présente le directeur qatari du projet.

    Avec Mathieu Martinière, journaliste indépendant, fondateur de We report et collaborateur à Mediapart.

    "Le partenariat entre le Qatar et Interpol existe depuis dix ans. Il s'agit d'un projet qui se nomme Stadia et qui cherche à faire des formations autour de la sécurité dans le sport sur des évènements partout dans le monde. Mais ce partenariat a surtout servi de vitrine à Doha. Dans les cinq dernières années, il y a eu énormément de formations qui ont été réalisées à Doha par Interpol. J'en ai compté au moins une quinzaine. De plus, le manager du projet est de nationalité qatari...", commence Mathieu Martinière.

    Pour aller plus loin :

    Références sonores

    • Qatar wins 2022 world Cup bid (Team Qatar - 01/11)
    • Qatar 2022 : un scandale français ? (france.tv - 13/10/22)
    • Qatar 2022 - Enquête sur un hôte de la Coupe du monde surprise (Investigations et enquêtes - 08/06/18)
    • Documentaire planète FIFA (Arte - 2016)
    • Falah Abdulla Al Dosari, Interpol project stadia, senior manager (Interpol - 03/12/16)

    Références musicales

    • "Come to dust" de Boards of Canada
    • "Solstice" de Danal Al Fardan

    Préparation de l'émission

    Une émission préparée par Bertille Bourdon.

Illustration
Cultures Monde
Photographie
  • Christophe Abramowitz
Copyright
  • Radio France
Collection
Qatar : le Mondial de toutes les dérives

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