Le 24 février 2022, Vladimir Poutine déclarait la guerre à l'Ukraine.
Une volonté d'intégrer l'Ukraine à la Russie
Dans un article du 12 juillet 2021, Vladimir Poutine considérait que les peuples russe et ukrainien étaient un seul peuple : "Je suis convaincu que la véritable souveraineté de l'Ukraine n'est possible qu'en partenariat avec la Russie. Nos liens spirituels, humains et civilisationnels se sont formés pendant des siècles et ont leurs origines dans les mêmes sources, ils ont été durcis par des épreuves, des réalisations et des victoires communes. Notre parenté s'est transmise de génération en génération."
Il a, de manière quasi explicite, nié tout droit à Kyiv à l’indépendance, trente ans après qu’elle l’a reconquise. Il a légitimé son agression contre l’Ukraine et, par là même, toute agression future. Ces propos ne sont guère nouveaux et ils connaissent certaines variantes, au nom cette fois de l’orthodoxie dont Moscou s’estime le dépositaire.
Des propos similaires à ceux qu'il a tenus lors de l'invasion de l'Ukraine le 24 février : "L’Ukraine n’est pas seulement un pays voisin. C’est une part inaliénable de notre histoire, de notre culture et de notre espace spirituel." Le président russe développe une rhétorique violente contre le pouvoir à Kiev, lié aux "néonazis" et auteur d'un "génocide depuis huit ans", mais aussi contre l'OTAN et les États-Unis, "l'empire du mensonge". (...) "Il se passe un génocide de millions de personnes qui ne peuvent compter que sur la Russie", annonce le président Poutine à propos de la situation dans le Donbass. Aucune preuve ne vient étayer une telle accusation. "Avec l'aval du Conseil de sécurité, j'ai décidé de mener une opération militaire spéciale. Son objectif est de protéger les personnes victimes d'intimidation et de génocide par le régime de Kiev depuis huit ans. Et pour cela, nous lutterons pour la démilitarisation et la dénazification de l'Ukraine."
Des opérations militaires hors des frontières de la Russie
Du Kosovo à la Syrie, le maître du Kremlin a entamé dès son arrivée au pouvoir un cycle d’offensives meurtrières, de coups de force et de déstabilisations politiques au nom de la grandeur russe. Depuis plus de vingt ans, le président russe a multiplié les conflits, enchaînant une guerre après l’autre sur différents terrains en Europe, au Moyen-Orient et d’une certaine manière en Afrique, pour tenter de réimposer la Russie comme puissance mondiale.
Après la chute de l’URSS en 1991, plusieurs conflits ont éclaté sur le territoire de l’ex-Union soviétique.
En 1999 d'abord, Vladimir Poutine a lancé une "opération de contre-terrorisme" en Tchétchénie, dont les séparatistes sont accusés d’avoir commis des attentats en Russie. Le contrôle de la région est verrouillé par l’installation au pouvoir d’Akhmad Kadyrov. Le nouvel homme fort de la Russie remporte l’élection présidentielle de 2000, dès le premier tour.
Au début des années 1990, les tentatives d'imposer la langue roumaine en Transnistrie, région séparatiste de Moldavie, rencontrent une résistance farouche de la part de la population principalement russophone de la région. Un conflit civil éclate et dure de mars à juillet 1992. La Russie soutient alors l’armée transnistrienne face aux forces armées moldaves. Depuis, les Russes maintiennent une force dite de maintien de paix dans la région.
En 2008 en Géorgie, tout commence par des accrochages entre séparatistes sud-ossètes et armée géorgienne. Le conflit s’étend à l’Abkhazie. La Russie vient en aide aux séparatistes. En cinq jours, les troupes de Tbilissi sont écrasées. L’indépendance de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud est reconnue par Moscou qui conserve le contrôle de 20 % du territoire géorgien.
En 2015, Vladimir Poutine a lancé une vaste intervention militaire pour secourir le régime de Damas. Bachar Al-Assad sera maintenu au pouvoir et l’armée russe pérennisera son alliance avec la Syrie. En Lybie aussi, en 2016, la Russie a envoyé armes et mercenaires en soutien au maréchal Khalifa Haftar, contre le gouvernement de Tripoli.
En 2020, l’Azerbaïdjan a lancé une offensive et repris la région séparatiste du Haut-Karabakh, soutenue par l’Arménie. Moscou, lié à Erevan par une alliance militaire, s’est imposé comme médiateur et a depuis déployé une force d’interposition de 2 000 hommes pour cinq ans.
Les mercenaires du groupe Wagner
Outre ces guerres clairement déclarées et menées ouvertement par son armée, la Russie s’est impliquée militairement dans plusieurs conflits loin de ses frontières, sans le reconnaître. Vladimir Poutine a recours pour ce faire aux mercenaires du groupe Wagner. Une société gérée par l’un de ses plus proches, directement lié au Kremlin. Ces miliciens de sinistre réputation sont apparus sur différents théâtres d’opérations militaires impliquant plusieurs forces internationales, dont la Libye, la République centrafricaine ou le Mali.
En un peu plus de vingt ans au pouvoir, Vladimir Poutine a toujours préparé ou livré une guerre sous différents prétextes. Invoquant tantôt les menaces contre la Russie, la lutte contre le terrorisme ou comme tout dernièrement la "dénazification" de l’Ukraine, il a cherché à diaboliser ses "ennemis" pour justifier ses entreprises belliqueuses.