Première partie - Retour de Birmanie
- Le journaliste Guillaume Pajot publie ce mois-ci pour le magazine Géo un reportage sur la guerre civile qui se déroule en Birmanie depuis près de trois ans, dans l’indifférence du reste du monde.
Le 1ᵉʳ février 2021, le général Min Aung Hlaing mettait fin à période de transition démocratique dans laquelle était engagé le pays depuis une dizaine d’années. Appuyé par l'armée, son coup d’État avait alors mis des milliers de personnes dans les rues : c’est ce qu’on a appelé la “Révolution du Printemps”. Mais une révolution de courte durée et durement réprimée par les militaires. De nombreux mouvements armés se sont alors formés, en lien avec les guérillas déjà actives, pour combattre - ou au moins résister - à la junte, par les armes.
Guillaume Pajot s'est notamment rendu à l'est du pays, où l'Etat Karen est particulièrement touché par le conflit : "C'est une zone qui est survolée quotidiennement par les avions. Entre vols de reconnaissance, bombardements et intimidation, les habitants vivent dans la peur. C'est une stratégie consciente et délibérée du pouvoir qui fonctionne, puisque la région est aujourd'hui largement désertée. Mais outre cette volonté d'intimidation, les bombardements ont également des conséquences très matérielles : en l'espace d'une semaine, j'ai vu la destruction de trois églises, un lycée, une école, et un village."
Deuxième partie - De gré ou de force : la Russie unie
Table ronde d'actualités internationales, en partenariat avec le journal Le Monde
Devant un parterre de jeunes élèves russes à l’occasion de la rentrée scolaire, Poutine a vanté la nouvelle version des manuels d’histoire. Ceux-ci incluent désormais un chapitre sur “l’opération militaire spéciale” en Ukraine, où la guerre y est présentée comme une intervention nécessaire qui aurait permis d’éviter “la fin de la civilisation humaine”. Un récit national plus que jamais sous le contrôle de l’État, telle semble être la priorité en cette rentrée, alors que les Russes sont appelés ce dimanche à renouveler une partie de leurs gouverneurs et assemblées locales. En toile de fond, les voix dissidentes paraissent s'être éteintes après la répression d'opposants politiques et la mort d’Euvgeni Prigojine.
Marc Semo rappelle ainsi les enjeux de la situation politique actuelle : "L'affaire Prigojine a été un révélateur des ressorts mafieux du pouvoir de Poutine. Il gère comme un grand parrain les équilibres entre les différents clans, et son pouvoir repose avant tout sur la peur qu'il inspire. Mais cette crise a aussi montré les lignes de faille du système, d'où sa fébrilité. La répression, qui s'abattait auparavant surtout contre les démocrates et les libéraux, cible désormais également les ultranationalistes. La réélection de Poutine lors des présidentielles de mars 2024 dans un système électoral parfaitement verrouillé ne fait donc aucun doute, mais le pouvoir ne veut rien laisser au hasard."
Dans le même sens, Tatiana Kastueva-Jean avance que : "le pouvoir russe n'aime pas se faire dépasser ni sur le flanc libéral, ni sur le flanc ultranationaliste. Ces répressions s'inscrivent dans le contexte de la disparition de Prigojine, mais sont aussi à analysé en lien avec l'arrestation d'Igor Gherkin, l'une des voix critique majeure en Russie."
Gilles Favarel-Garrigues détaille le champ politique russe : "Depuis le début du règne de Vladimir Poutine, son parti se définit comme un centre attrape-tout, qui a deux ennemis principaux : d'un côté, des démocrates et des libéraux ; et de l'autre, des ultranationalistes. Mais avec ces derniers, le parti de Poutine réalise souvent des transactions et des négociations. Les ultranationalistes sont donc parfois bien vus du pouvoir, considérés comme des sortes de radicaux utiles et permettant à Poutine de se présenter comme un pouvoir modéré. Mais ils peuvent aussi être violemment réprimés, comme ce fut le cas ces derniers temps."
Le dessin de la semaine
Le dessin cette semaine nous vient du Portugal. Il est signé Rodrigo, et est publié dans le journal l’Expresso. Vladimir Poutine lui-même, dessiné ici en treillis et torse nu, tente de repousser le monument de ses deux bras pour en empêcher la chute. Représenté ainsi, tout petit, seul et se prenant une pierre sur la tête, le dirigeant donne l’impression d'être dépassé et impuissant face à une catastrophe imminente.
Références sonores :
- Déclaration de V. Poutine. (RTBF - 3 septembre 2023)
Musiques :
- Ba Mar Ma Lay Par Shin - Cherry Thin (2023)
- Три днядождя (Tri dnya dozhdya)- За край (2023)